Faut-il réécrire l’histoire du matérialisme des Lumières ? - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Historia Philosophica : An International Journal Année : 2022

Faut-il réécrire l’histoire du matérialisme des Lumières ?

Gerhardt Stenger
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  • PersonId : 1026017

Résumé

The new edition of Helvétius' "Complete Works" (Paris, Champion, 2011-2020, 3 vols.) provided by us presents, for the first time, properly edited texts, free from the abusive interventions of Lefebvre de La Roche, whose edition published in 1795 still held authority in the 20th century. Thanks to a letter quoted in its entirety for the first time in Volume III, we now know that it was not the reading of Locke but of Bayle that turned the young Helvétius away from religion and triggered a revolution in his thinking. The principles of his philosophy were already outlined in broad strokes around 1730, as evidenced by the "Recueil de notes," also published in Volume III, which contains several passages that leave no doubt about atheism and anti-finalism. It is known that an initial version of "De l'esprit" was already prepared by 1745; if Helvétius had published his work at that time, the novelty and audacity of his book would have immediately marked him as the bold herald of a new generation, ushering in the second wave of the French Enlightenment with as much flair as La Mettrie, Diderot, Buffon, and Rousseau did a few years later.
La nouvelle édition des "Œuvres complètes" d’Helvétius (Paris, Champion, 2011-2020, 3 vol.) procurée par nos soins présente pour la première fois des textes correctement édités, sans les interventions abusives de Lefebvre de La Roche dont l’édition publiée en 1795 faisait encore autorité au XXe siècle. Grâce à une lettre citée pour la première fois dans son intégralité dans le tome III, nous savons désormais que ce n’est pas la lecture de Locke mais de Bayle qui a détourné le jeune Helvétius de la religion et provoqué une révolution dans son esprit. Les principes de sa philosophie étaient déjà élaborés dans les grandes lignes vers 1730 : en témoigne le "Recueil de notes", publié également dans le tome III, qui contient plusieurs passages qui ne laissent subsister aucun doute sur l’athéisme et l’antifinalisme. On sait qu’une première version de "L’Esprit" était prête dès 1745 : si Helvétius avait alors publié son ouvrage, la nouveauté et l’audace de son livre l’auraient d’emblée désigné comme le héraut hardi d’une nouvelle génération, inaugurant la deuxième vague des Lumières françaises avec autant de panache que les La Mettrie, les Diderot, les Buffon et les Rousseau quelques années plus tard.

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Citer

Gerhardt Stenger. Faut-il réécrire l’histoire du matérialisme des Lumières ? : À l’occasion de la nouvelle édition des "Œuvres complètes" d’Helvétius. Historia Philosophica : An International Journal, 2022, 20, pp.77-85. ⟨hal-04252700⟩
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