دور الصيام في بناء الزهد المثالي في صدر الإسلام
The role of fasting in the construction of the ascetic ideal in the early times of Islam
La part du jeûne dans la construction de l'idéal ascétique aux premiers temps de l'islam
Résumé
Vers la fin du premier siècle de l’islam, un grand nombre de renonçants (zuhhād) parmi les Pieux Anciens (salaf) qui prônaient un mode de vie ascétique allié à une observance religieuse rigoureuse, portaient déjà un intérêt considérable au jeûne (ṣawm). Dans les sentences et exhortations que leur attribuent les sources narratives, on constate que le jeûne, loin d’être un élément subsidiaire, constitue, sous des formes d’accomplissement diverses, une pratique ascétique sérieuse qui incombait fondamentalement à tout bon renonçant aspirant à une vie religieuse accomplie. A étudier de près les propos de ce type de salaf, il apert que le renoncement (zuhd) qu’ils appelaient de leurs vœux s’avérait inconcevable en dehors d’une discipline ascétique au centre de laquelle trônerait le jeûne à titre de valeur sûre. Par-delà les privations matérielles immédiates prescrites par la religion à l’ensemble des musulmans, le jeûne prôné par ces zuhhād est de nature si consubstantielle au mode de renoncement auquel ils étaient attachés, que l’on ne peut s’empêcher d’y entrevoir la préfiguration de la dimension spirituelle fondant tout acte d’abstinence dans le soufisme primitif.
Notre contribution s’emploie à retracer, dans leurs grandes lignes, les formes pratiques et les contours du jeûne au sein de ce courant ascétique du salaf d’une part, et à mettre en lumière son rôle déterminant dans l’élaboration des premières doctrines sur une ascèse islamique exemplaire d’autre part.