Ce texte comprend trois parties. La première explicite les tenants et aboutissant d’un modèle théorique reposant sur la distinction entre trois écoutes du Monde sonore : l’écoute environnementale, l’écoute médiale et l’écoute paysagère. Cette distinction dont le fondement empirique est brièvement relaté à partir de situations sonores concrètes, permet de discuter la complexité des perceptions sonores dans l'espace urbain en des termes autres que ceux de l'opposition dualiste entre le bruit disturbant et le son agréable. La seconde propose d’articuler trois types d'action opératoires pour offrir la complexité nécessaire à la naissance d'une urbanité sonore : "diagnostic environnemental", "gestion médiale" et "création paysagère". Cette distinction, homologue à la précédente, fonde un modèle opérationnel d'urbanisme sonore, à partir duquel on peut discuter des moyens de ne pas seulement lutter contre le bruit mais aussi pour la qualité sonore. Aux trois écoutes du Monde sonore, correspondent alors trois attitudes opératoires, qui constituent en puissance les trois pôles d'une politique de gestion sonore de la ville et de l'espace urbain. La troisième évoque un modèle de protections acoustiques pour voiries autoroutières et illustre la manière dont les modèles théoriques et opérationnels précédents peuvent infléchir une pratique de concepteur, en réintroduisant en force les dimensions médiale et paysagère dans la conception d'ouvrages dont la valeur est réputée strictement technique et environnementale. On y découvre qu’un écran acoustique peut servir à autre chose qu’à ce à quoi il sert, qu’il doit rendre possible des usages pertinents dans les espaces publics attenants ou probable des développements urbains sur les rives de l'autoroute désormais protégée, et qu'il peut encore être l'occasion de développer une véritable esthétique du mouvement.