Le diagnostic du 20 rue Cujas a mis en évidence une stratification urbaine d’une épaisseur de 4,50 m (base 44,98 m NVP). La composante antique, qui apparait à 2,98 m de profondeur, est épaisse de 1,48 m et elle est caractérisée par une succession de sols avec des couches d’utilisation/occupation intercalées. Une seule structure en creux a été observée. La céramique, peu abondante, ne permet pas d’estimer correctement la mise en place de cet aménagement ; tout au plus, peut-on indiquer que son entretien s’effectue à partir du milieu du Ier s. Les éléments les plus récents sont datés de la première moitié du IIe s. Nous proposons de relier cette succession de sol, déconnectés de tout élément bâti structurant, avec la présence de l’élément viaire repéré plus au nord-est, sur la fouille de la Sorbonne réalisée en 2000. L’absence d’orniérages nous incite à conjecturer une reconnaissance de niveaux de trottoir. Dans l’hypothèse où l’axe se poursuivrait vers le sud-ouest, pourrait-il témoigner d’un état du réseau viaire antérieur à la construction du forum datée du deuxième tiers du Ier s. voire du dernier quart du même siècle ? Les éléments de datation des recharges les plus récentes conservées au 20 rue Cujas (fin Ier s.-début IIe s.) pourraient ainsi signifier que cet axe perdure pendant le fonctionnement du complexe monumental ─ à moins que ce dernier ne comporte plusieurs états ? ─ avant d’être remplacé par le cardo 6 (celui de la rue de la Sorbonne) qui devrait aboutir à la porte nord de l’édifice. Le sommet de l’occupation antique est perturbé, sans pour autant être complètement tronquée, par un creusement dont le comblement a livré un tesson de céramique daté du XVIe s. avec une forte proportion d’éléments résiduels antiques, mais on ne peut exclure une datation plus ancienne (XIVe s. ?) et une contamination. Les couches suivantes traduisent plus nettement en terme matériel l’occupation du XVIe s., mais avec paradoxalement des tessons antiques de grande taille. Il est délicat de relier ces vestiges avec l’installation du collège puis abbaye de Cluny fondé dans la deuxième moitié du XIIIe s., peut-être parce que le sondage est implanté au niveau de cloître et que les bâtiments médiévaux ont été largement détruits par les constructions du XIXe s. Les vestiges postérieurs comprennent une couche que nous interprétons comme de la terre à jardin et qui est daté du XVIIe s. Elle est recoupée par un creusement partiellement observé. Il est recouvert par une couche qui pourrait aussi être de la terre à jardin. Dans la partie « nord » du sondage un niveau de sol n’est conservé contre les bords nord et suivant un plan en L et sur une faible largeur : nous proposons de reconnaître une intersection de deux allées. Ce sol est recouvert par un niveau de forge dont le fonctionnement se situe entre la fin du XVIIe s. / première moitié du XVIIIe s. et le milieu du XIXe s. Les strates postérieures, qui comprennent un apport de remblais, pourraient être liées à la démolition de l’édifice religieux qui intervient dans le deuxième tiers du XIXe s. La fondation du mur gouttereau « nord » de l’actuel bâtiment en front de rue, construit vers 1830-1832, occupe le bord « sud » du sondage. Sa base est plus profonde que notre reconnaissance.