De l’Ensba à l’Iuup. Biographie collective d’un groupe de diplômés (1927-1971) - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2023

De l’Ensba à l’Iuup. Biographie collective d’un groupe de diplômés (1927-1971)

Résumé

Les élèves architectes de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris (Ensba) ne purent bénéficier d’un enseignement d’urbanisme que dans les années cinquante, par le biais d’André Gutton. Pour acquérir des connaissances dans le domaine, ils pouvaient compléter leur formation à l’Institut d’urbanisme de l’université de Paris (Iuup) qui ouvrit ses portes dès 1919. Sur les 428 élèves diplômés de l’Iuup entre 1921 et 1971, c’est-à-dire ceux qui y soutinrent une thèse, 60 étaient des architectes DPLG en provenance de l’Ensba, soit 14% de la population totale des diplômés de l’Iuup. À partir de ce corpus d’architectes-urbanistes doublement diplômés de l’Ensba et de l’Iuup, l’article propose une biographie collective pour poser les jalons d’une histoire à la croisée de ces deux établissements. La première partie dresse un portrait de groupe qui en identifie les caractères communs et en saisit la structure sociale. Un profil type se dégage : un homme (2 femmes) de nationalité française (16 étrangers), parisien (1 élève a effectué sa scolarité à l’ERA de Lyon), issu de la classe moyenne voire supérieure (14 sont fils ou filles d’architectes) et au parcours scolaire brillant. Dix ont en effet été logistes au concours Grand prix de Rome, parfois à plusieurs reprises, mais aucun ne fut lauréat ; l’Iuup présentait alors pour eux un complément de formation aux méthodes de l’urbanisme ou, du moins, à la grande composition. Cette apparente homogénéité du groupe cache cependant des disparités que révèle l’examen de trajectoires individuelles. L’âge auquel les architectes engagent des études à l’Iuup et celui auquel ils obtinrent leur thèse dévoile par exemple des parcours assez disparates, notamment lié à leur exercice professionnel. Enfin, deux pics de thèses soutenues à l’Iuup se dégagent au début des années 1940 et 1960, qui s’expliquent par des raisons endogènes à l’Ensba (des enseignements éphémères d’urbanisme donnés entre 1941 et 1944 puis entre 1958 et 1961) et exogènes (les perspectives offertes par les chantiers de la reconstruction et des grands ensembles). Après avoir présenté les modalités attendues pour le diplôme à l’Ensba et la thèse à l’Iuup, la deuxième partie de l’étude questionne les continuités prétendues de l’un à l’autre. Les thèses embrassaient trois catégories - des monographies (67% du corpus), des projets (27%) et des doctrines (6%) – dont les sujets permettaient de prolonger des investigations abordées pour les diplômes, notamment en rapport avec les stations de vacances, le tourisme ou le logement. Mais elles expriment par ailleurs d’autres intentions : celles de contribuer aux travaux alors en cours, menés par leurs directeurs de thèses à l’échelle territoriale (notamment le plan d’aménagement de la région parisienne de Prost), à une actualité concentrée autour du logement (notamment la loi Loucheur) ou à des politiques de l’urbanisme. Si les sujets de diplômes à l’Ensba reflètent les intérêts de leurs auteurs vis-à-vis de certains programmes, les thèses à l’Iuup se situent davantage dans une perspective opératoire, voire critique, de la ville et des politiques d’aménagement. Enfin, la dernière partie esquisse les carrières et les trajectoires professionnelles qu’engagèrent les étudiants. Deux tiers d’entre eux menèrent une activité professionnelle libérale au sein d’agences d’architecture, reprenant parfois celle de leur père. Ils y développèrent pour certains les réflexions menées pour leurs thèses, validant ainsi l’hypothèse du statut opératoire de ces dernières. Un quart d’entre eux mena une carrière officielle (architecte-urbaniste en chef au MRU ou BPCN) lorsque d’autres devinrent architectes voyer général de la Ville de Paris et du département de la Seine. Un sixième engagea une carrière dans l’enseignement, au sein d’établissements variés liés à l’architecture (Ensba-Unités pédagogiques-Écoles d’architecture, École spéciale d'architecture), au paysage (École nationale supérieure d'horticulture de Versailles, École spéciale d'architecture des jardins) ou à l’ingénierie (École spéciale de mécanique et d'électricité). Si cinq d’entre eux enseignèrent à l’Iuup, ils considéraient également que le développement de nouvelles pratiques exigerait de nouvelles structures qu’ils mirent en place en France (ASUA, SATG) ou à l’étranger (Institut international d'urbanisme appliqué de Bruxelles, École des Beaux-Arts de Montréal, École supérieure des beaux-arts de Hanoi, Institut d'urbanisme d'Alger). Enfin, cinq thèses firent l’objet de publications qui ouvrirent la voie à la recherche en architecture et en urbanisme ainsi qu’à des structures dédiées dont certaines firent date au sein du paysage académique (Groupe d’Étude et de Coordination de l’Urbanisme Souterrain, Atelier de ruralisme et urbanisme appliqués, Laboratoire d'architecturologie et de recherches épistémologiques sur l'architecture). Annexe liée à l'article: Liste des 60 architectes doublement diplômés de l’Ensba puis de l’Iuup, entre 1927 et 1971, classée par ordre chronologique des années de soutenances des thèses.
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Dates et versions

hal-04156626 , version 1 (09-07-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04156626 , version 1

Citer

Amandine Diener. De l’Ensba à l’Iuup. Biographie collective d’un groupe de diplômés (1927-1971). MétisPresses. Châtelet Anne-Marie et Lapeyre Nathalie, Les mondes de l’enseignement de l’architecture. Élèves, enseignants et enseignantes, A paraître. ⟨hal-04156626⟩
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