Les trois derniers mois d'une enquête ethnographique de trois ans, portant sur les parcours de mineur·e·s poursuivi·e·s par la justice pénale, ont été consacrés à la constitution d'une base de données à partir d'un corpus de 509 dossiers judiciaires. L'opération poursuivait un double objectif : d'une part, situer au sein d'une population judiciaire les 9 cas ethnographiques sur lesquels s'est construite l'enquête, d'autre part, objectiver les mécanismes de sélectivité sociale de la justice pénale. Les difficultés techniques liées au codage des dossiers ont livré de premiers enseignements quant aux caractéristiques sociales de la population d'enquête. L'analyse a montré ensuite deux niveaux de sélectivité pénale articulés : le premier concerne les filtres sociaux qui président au recrutement de la justice pénale (dans quels milieux recrute-t-elle ses client·e·s ?), quand le second concerne des parcours socialement différenciés une fois les magistrat·e·s de l'enfance saisi·e·s (comment discrimine-t-elle les expériences en son sein ?).