Les régions d’Afrique sahélienne sont marquées par une variabilité bioclimatique importante, dont il est attendu qu’elle augmente dans le futur (GIEC, AR6). La ressource en eau, et sa distribution temporelle, sont primordiaux pour les agroécosystèmes sahéliens. Les études portant sur les processus de désertification, d’aridification et de verdissement au Sahel sont nombreuses, et peuvent paraître contradictoires dans leurs conclusions. Dans ce cadre, une analyse spatio-temporelle des précipitations (POWER-LARC), et de l’évolution du couvert végétal (arboré, non arboré, non végétalisé, MODIS-44B) est réalisée pour l’ensemble de la région sahélienne. Les résultats d'évolution de surfaces végétalisées sont agrégés infra-régionalement pour mener une analyse territoriale, et connaître les sous-régions administratives où l’on observe une évolution temporelle significative entre 2002 et 2022 (test spatial de tendance de Mann-Kendall). Les premiers résultats 1) soulignent la variation des cumuls annuels de juillet à octobre, selon la sous-région considérée, et sa localisation vis-à-vis des dynamiques atmosphériques récentes 2) une segmentation temporelle, à l’échelle du Sahel, entre les précipitations anté- et post- 1975 (test de Pettitt) 3) un signal d’augmentation du couvert végétal non arboré (t = + 0.28) pour tous les pixels avec significativité <0.05, à l’échelle de la bande sahélienne (2002-2022) 4) un signal de baisse du couvert végétal arboré (t = - 0.15), 5) de fortes disparités géographiques, les franges saharo-sahéliennes gagnant en couvert végétalisé, mais non arboré, tandis que la partie sahélo-soudanienne perd en couvert arboré, au profit de zones non végétalisées (foyers de population humains). Cette étude permet de recontextualiser les effets de la variabilité hydro-climatique interannuelle sur les dynamiques végétales, ainsi que ceux de l’artificialisation des sols. Le processus de verdissement, observé à travers les test de tendances, exclut a priori les zones forestières qui régressent. De plus, la fragilité du verdissement aux aléas climatiques sahéliens reste forte : exposition potentielle à des épisodes secs pouvant devenir plus intenses et fréquents, ou à des épisodes humides forts pouvant lessiver les sols superficiels.