Une même métaphore est utilisée tout au long du xixe siècle pour décrire la place de la philosophie dans le curriculum : cette matière serait le « couronnement » des études secondaires. Symbole de la continuité des réformes à des époques où l’enseignement est encore peu organisé ? En réalité, son emploi continu masque à la fois des divergences réelles dans les conceptions pédagogiques, et l’existence de résistances au maintien de la philosophie au sein du cycle secondaire. À cet égard, la séquence 1840-1850, marquée par l’apogée de la querelle sur le monopole universitaire, constitue un moment de « crise ». En marge des discussions sur la liberté d’enseignement, qui en forment le cœur, la place et le statut de la philosophie sont la source de fortes dissensions. Derrière Mgr Affre, de nombreux catholiques militent pour la réserver, pour des raisons morales, aux études supérieures. Les défenseurs de l’Université souhaitent au contraire préserver ce statut privilégié de la philosophie, considéré comme un « patrimoine national ». En rendant compte de ces oppositions, nous entendons retracer l’histoire d’un moment essentiel dans la définition des rapports respectifs du secondaire et du supérieur.