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Chapitre D'ouvrage Année : 2022

Altérités effondristes et diplomaties sociologiques. Faire atterrir socialement le public de l’effondrement

Cyprien Tasset
  • Fonction : Auteur

Résumé

Lors de son apogée médiatique de 2018-2019, l’effondrisme1 a surtout été pris en charge sous la forme appréciative de critiques de fond, de la part de penseurs universitaires ou militants de l’écologie politique (Allard, Monnin et Tasset, 2019). Ces critiques ont pointé le caractère « hors contexte » du globalisme cybernétique des théories de l’effondrement et le manque de prises que ce revers négatif des ambitions prométhéennes de monitoring terrestre offre aux capacités d’action d’acteurs ordinaires. Elles ont été à leur tour critiquées comme ayant un fonctionnement projectif, qui plaquerait sur sa cible des schèmes issus de débats antérieurs (Villalba, 2021). Leur autre angle mort est la scène d’interlocution qu’elles supposent. Leurs auteurs, si on les suit, surprennent les porte-parole de l’effondrement en plein exercice d’une emprise (Chateauraynaud, 2020, p. 102) sur un public, s’interposent, admonestent celui-ci en lui rappelant les principes d’une écologie plus prudemment scientifique et surtout véritablement politique. Mais qui espère-t-on ainsi détourner des idoles effondristes ? Le public concerné est-il prédisposé à reconnaître le pouvoir symbolique (Bourdieu, 2001), plutôt militant, ou plutôt intellectuel, au nom duquel les critiques de l’effondrisme s’énoncent ? La collapsologie et ses produits dérivés tentent en partie des écologistes (Mallet, 2020), que ces remontrances pourraient détourner de « l’aveuglement catastrophiste » (Larrère et Larrère, 2020). Mais qu’en est-il si l’attrait des théories de l’effondrement s’exerçait aussi, voire surtout, sur des personnes éloignées de ces sphères, peu disposées à en écouter les porte-parole, et ayant des raisons de penser que l’adhésion à l’effondrisme ne constitue pas le pire moment d’« aveuglement » écologique de leur trajectoire ? S’il s’agissait de nouveaux-venus aux questions écologiques, que l’accessibilité du thème de l’effondrement aurait enhardis à « s’empare[r] de questions dont ils n’étaient pas censés se mêler » (Stengers, 2009, p. 112) ? Les dénonciations de l’effondrisme seraient alors passées, un peu comme les « acteurs établis de la contestation » lors du mouvement des Gilets Jaunes (Jeanpierre, 2019, p. 44), à côté d’une altérité qui présentait des possibilités.
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Dates et versions

hal-04124956 , version 1 (04-08-2023)

Identifiants

Citer

Cyprien Tasset. Altérités effondristes et diplomaties sociologiques. Faire atterrir socialement le public de l’effondrement. Paul Cary; Nadia Garnoussi; Yann Le Lann. Questionner l'effondrement. Reconfigurations théoriques et nouvelles pratiques, Presses universitaires du Septentrion, 2022, 9782757436455. ⟨10.4000/books.septentrion.129460⟩. ⟨hal-04124956⟩
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