La grotte Bouyssonie est un site préhistorique ayant livré des occupations datées entre environ 40 et 5ka BP. Une des particularités du site est la préservation exceptionnelle des restes anthracologiques, abondants mais fragiles, laquelle permet de suivre l'évolution de la végétation ligneuse du Bassin de Brive depuis les débuts du Paléolithique supérieur. Ces conditions sont potentiellement favorables à la présence d'autres macrorestes botaniques tels que des graines, pour lesquels un protocole de prélèvement ad hoc a été mis en place depuis 2020. Bien que les fouilles se déroulent en saison estivale, une météo parfois capricieuse alternant entre périodes caniculaires et fortes précipitations affecte le bon déroulement de la post-fouille, et notamment le traitement des vestiges d'origine organique. En effet, des variations trop importantes du taux d'humidité et de la température peuvent entraîner une surfragmentation pouvant biaiser la représentativité des restes ou, d'un point de vue logistique, se traduire par une augmentation significative du temps de séchage, accumulant des retards qui se répercutent sur l'ensemble des tâches. Ainsi, le protocole de récupération des restes macrobotaniques - prélèvement, tamisage, séchage et conditionnement - est progressivement affiné afin de préserver au maximum les différents macrorestes, tout en intégrant les moyens mobilisés pour leur traitement au sein d'une réflexion incluant (i) la variabilité météorologique, (ii) les coûts humains (temps et effort) et (iii) les dépenses énergétiques (eau et électricité). Sur la base d'un traitement systématique des sédiments fouillés à des ouvertures de tamis variant entre 2mm et 250µm, différents protocoles ont été appliqués lors de la saison 2022 en faisant varier les modes de tamisage (sec vs eau vs flottation) et de séchage (air ambiant, 40°C, 70°C). Pour cela, la fouille s'est équipée d'une station météo pour relever quotidiennement la température et l'humidité, d'un compteur pour estimer la consommation d'eau à la station de tamisage et d'un déshydrateur pour contrôler la température. Les durées pour chaque étape ont été relevées et comparées. Les résultats montrent que l'uniformisation de la méthode de prélèvement tend à minimiser les biais de représentativité. Etant donnée la nature compacte de la matrice argilo-sableuse, les tests révèlent que la flottation est la méthode la plus efficace permettant la récupération exhaustive des macrorestes botaniques. Si la manœuvre est longue, sa consommation en eau est acceptable (inférieure au tamisage à l'eau) et le tri qui suit est plus rapide. Comme attendu, la température est inversement corrélée à la durée de séchage. Néanmoins, elle ne semble pas introduire de fragmentation supplémentaire. La température minimale de l'appareil (30°C) est cependant suffisante pour un séchage optimal quand les conditions le nécessitent. Abordable et consommant peu d'électricité, le déshydrateur remplace avantageusement l'étuve de laboratoire. Enfin, l'installation pérenne d'un récupérateur d'eau est un projet qui permettrait de tendre vers une autonomie de la consommation en eau sur le site. Cette réflexion globale autour de la méthodologie de terrain a permis de proposer un protocole réalisable, reproductible, sobre énergétiquement et adaptable aux variations de température et d'humidité pour la préservation et le traitement des restes botaniques in situ.