Bien que repéré dès 1950, le site de Porz ar Puñs est un temps oublié puis redécouvert lors des tempêtes hivernales de 2013-2014 qui mettent au jour un important niveau coquillier. En 2021, trois tranchées ont été ouvertes dans la dune perpendiculairement au trait de côte afin d’appréhender en coupe la stratigraphie générale du site. Cette première campagne de fouille a permis de mettre au jour plusieurs niveaux d’occupations humaines associés à des rejets culinaires plus ou moins denses selon les périodes et interstratifiés dans la dune. Si la succession des couches était comprise dans ces grandes lignes malgré quelques mélanges dus à l’activité des lapins en particulier en bord de dune, il reste à comprendre dans le détail la nature de ces couches. En 2022, nous avons donc élargi la tranchée 1 de manière à disposer d’une fenêtre permettant d’observer spatialement les faits archéologiques repérés. Dans les niveaux supérieurs, ce sont des vestiges de la période contemporaine et de la fin du Moyen Âge qui ont pu être documentés. Sous l’épaisse couche de sable blanc quasi-stérile (US H4), nous avons atteint les couches attribuables au Bronze ancien (US X0 et X1) dont nous avons entamé la fouille. La découverte de structures empierrées (murets, dallage et un trou de piquet) laisse penser que le site ne correspond pas seulement à un lieu de dépotoir mais que des structures d’habitation sont toutes proches. De même, la reconnaissance de stries perpendiculaires pourrait indiquer une mise en culture du secteur dès le Bronze ancien. Parallèlement aux fouilles, les travaux en géoarchéologie viennent donner un éclairage plus large sur l’histoire humaine et paléoenvironnementale (phases de mise en place des dunes) du centre de l’île. S’il reste encore bien des points à éclaircir, la chrono-stratigraphie du site dans sa globalité est de mieux en mieux cernée. La micro-morphologie vient nous interroger sur la nature même des occupations que nous étudions. Ainsi, la couche coquillière à la base de la dune (US X3) s’est formée dans un environnement ouvert, mais résulte-t-elle d’un colluvionnement partiel, de déplacements naturel ou anthropique (rejet secondaire remobilisé) ? Quoiqu’il en soit l’étude céramologique des US X0 à X3 montre une succession vraisemblable des occupations, depuis un niveau campaniforme auquel serait associé des tessons décorés de style Conguel jusqu’à un Bronze ancien assez évolué en passant par l’Épicampaniforme. L’étude des niveaux les plus anciens de Porz ar Puñs est donc une occasion unique en Bretagne pour comprendre les sociétés des IIIe et IIe millénaires avant notre ère.