La « Méchanique » Analytique a été une théorie controversée depuis sa formulation par Lagrange en 1788 et la controverse se poursuit jusqu’à nos jours : Truesdell déclare que la Mécanique doit être fondée sur le concept de « force » . Au contraire selon D’Alembert le seul principe unificateur est le Principe des Travaux Virtuels (PTV) : la force étant un concept dérivé, utile dans les applications. Ce débat épistémologique est-il inutile ? La mécanique est-elle aujourd’hui aussi fertile de problèmes théoriques et potentialités dans les applications technologiques ? En effet, la mécanique si basée sur le PTV s’avère être un outil puissant pour favoriser l’invention scientifique et l’avancement technologique : il rends possible, par exemple, la théorie moderne des méta-matériaux ou matériaux architecturés, c’est-à-dire, la théorie qui nous aide à « inventer » des matériaux qui « n’existent pas dans la nature et qui ont des propriétés à l’apparence magique » : donc l’approche épistémologique qui avait inspiré D’Alembert semble n’avoir encore épuisé sa capacité novatrice. En effet, le PTV permet d’homogénéiser le comportement des systèmes complexes et de formuler des théories macroscopiques prédictives du comportement « global » des microstructures qui forment les métamatériaux « exotiques » . La compréhension des résultats du débat épistémologique fondé sur la dichotomie force/travail nous offre un outil puissant pour concevoir et produire des matériaux « réels » . Parmi les infinies possibilités on signale les matériaux i) avec effet Poisson négatif ; ii) qui restent dans le régime élastique même en grandes déformations ; iii) qui se comportent, dans les petites déformations, comme des fluides et, en grandes déformations, comme des solides (pentamode materials) ; iv) avec une structure granulaire, qui ont un comportement chiral au niveaux macroscopique.