Dans le projet Mayotte Mobilité Professionnelle, nous nous intéressons à la manière dont des jeunes en lycée professionnel, bénéficiant de l’ULIS, vivent leur stage professionnel en entreprise, comprennent leur métier et se projettent dans l’avenir professionnel à Mayotte. Nous tentons de répondre à plusieurs questions : comment les jeunes peuvent-ils transformer une orientation subie en une orientation choisie? Comment peut-on aider les jeunes à comprendre les gestes professionnels, et non pas à les appliquer uniquement? Qu’est-ce qui est important pour le jeune en situation de handicap dans l’idée de métier ou de travail professionnel? Est-ce que les outils numériques permettraient d’aider à mieux se construire une identité professionnelle et des compétences professionnelles? Le projet est original pour trois contextes : la population dite d’adolescents, dite en situation de handicap, et le territoire de Mayotte. Une fois que nous avons montré que la notion de handicap n’a pas de traduction en langues locales à Mayotte et qu’elle se catégorise différemment (Lefer Sauvage et Mercier, 2021), que l’adolescence telle que considérée à Mayotte (Blanchy, 1988) ne correspond pas aux standards français car les indicateurs sociaux et légaux (Courbois, 1980) sont distincts, peut-on considérer que la « vulnérabilité au travail » pour/de certaines populations est encore une forme de catégorisation des populations, des besoins et des (in)capacités, qui a un sens culturel en France hexagonale (et non ailleurs) ? A travers une expérimentation en classe (basée sur un montage vidéo sur tablette tactile) et un ensemble de données issues d’observations ordinaires non conscientisées des pratiques pédagogiques et d’entretiens libres, les résultats du projet MayMobPro montrent que l’appropriation des outils numériques participe à l’appropriation de l’identité professionnelle du jeune. Mais le sens culturel donné aux outils numériques mobiles et à la notion d’identité professionnelle à Mayotte reste questionnée.