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Communication Dans Un Congrès Année : 2022

Se tenir ensemble, entre vivants vulnérables au milieu du chantier urbain

Résumé

Ma réflexion s’inscrit dans un contexte marqué par de profonds repositionnement politiques, sociaux, urbains et environnementaux et un « impératif délibératif » qui traverse l’ensemble de ces champs (Blondiaux, 2009). Du point de vue politique, nous constatons les limites d’une participation citoyenne normative qui conduit à envisager la participation habitante comme une alternative redonnant sa place aux savoirs d’usages et permettant de rebattre les cartes du jeu politique (Bacqué, 2005 ; Blondiaux, 2008 ; Barrault-Stella et Talpin, 2021) mais dans bien des cas, ce savoir est cantonné aux questions de proximité (Deboulet et Nez, 2013). En outre, la « crise de la sensibilité au vivant » conduit à envisager le vivant comme décorrélé de l’humain (Morizot, 2020) et souvent considéré comme un objet technique. Du point de vue social, la participation des habitants est le levier principal d’action et de contrôle pour garantir les performances environnementales des projets urbains. Cependant, la recette miracle du « vivre ensemble » cache une invisibilisation de pratiques habitantes, une reproduction de rapports de domination et une éco-citoyenneté normative (Boissonade et Valegeas, 2018). Enfin, du point de vue urbain, le contexte d’urbanisme transitoire dans le cadre de la politique de la ville propose de nouvelles gouvernances qui repensent la place des habitants et du vivant. Ma proposition de communication s’appuie sur une recherche impliquée menée dans le cadre de ma thèse portant sur un triptyque de projets participatifs de ménagement de l’espace public avec des habitants, auprès de l’artiste Thierry Boutonnier (« Prenez Racines ! », Eau de rose et E-clos) et poursuivi dans la cadre de la recherche création L’école de la forêt urbaine, à Villeurbanne, en périphérie de Lyon, depuis 2021. Ces recherches se caractérisent par un « faire » central, pour les habitants participants aux projets, pour l’artiste et pour moi-même d’une part, et d’autre part, par une situation au cœur, mais en marge, d’opérations immobilières d’envergure. L’objectif de ma communication est d’éclairer les solidarités des « tiers-absents » et de montrer comment les habitants « empêchés » des quartiers en renouvellement urbain et les arbres urbains peuvent créer de nouvelles solidarités émancipatrices, permettant d’une part, de rebattre les cartes du jeu politique et d’autre part, de prendre part pour repenser leur place dans l’échiquier des projets urbains. Comment repenser les relations entre humains et non-humains à partir des arbres ? Comment repenser les solidarités entre habitants à partir des solidarités des arbres ? Comment le vivant permet-il de décaler la question des « tiers-absents » de la participation, qu’ils soient habitants des quartiers populaires ou arbres ? L’arbre, au-delà d’un sujet universel symbolique abstrait est pluriel et se trouve en réalité « aux bords du politique » (Rancière, 2004). Les arbres sont des refuges et des êtres inspirants pour les habitants humains et non-humains. Derrière le symbole solitaire, l’arbre ne cacherait-il pas une forêt pétrifiée, un écran de fumée où viennent s’échouer nos politiques de planteurs au profit des arracheurs de troncs, des poseurs d’enclos, de spéculateurs du foncier et des cost-killer ? Si le sujet des villes-forêts a actuellement le vent en poupe, il soulève rarement de question sur la manière dont ces forêts se dressent comme un possible espace public. Il engage encore moins de réflexion sur la manière dont nous considérons le végétal comme objet de transmission de solidarités autres et d’aménité. Ainsi, nous formulons l’hypothèse que des arbres-parents urbains développent des caractéristiques génétiques et des semences intéressantes pour l’adaptation au dérèglement climatique et à la spécificité de contextes urbains denses. Ces arbres sont aussi les témoins d’une histoire d’ancrages pluriels des habitants de quartier en renouvellement urbain. Enfin, ils sont le support d’une revitalisation de l’écologie politique, à l’heure de l’anthropocène.
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Communication se tenir ensemble entre vivants vulnérables dans le chantier urbain colloque immobilier durable 19-21 octobre 22.pdf (1.3 Mo) Télécharger le fichier
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-04031796 , version 1 (16-03-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04031796 , version 1

Citer

Marie Kenza Bouhaddou. Se tenir ensemble, entre vivants vulnérables au milieu du chantier urbain. Colloque International Immobilier durable 2022, ESPI2R, Oct 2022, Paris, France. ⟨hal-04031796⟩

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