Selon l'INSEE (Blanpain & Chardon, 2010), le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans augmenterait, entre 2007 et 2060, de plus de 10 millions, pour atteindre alors un tiers de la population française. Cet allongement de l'espérance de vie pose d’ores et déjà un véritable défi de société, en particulier dans l'accompagnement des personnes âgées en perte, ou à risque de perte d'autonomie, celles-ci souhaitant majoritairement continuer à vivre à leur domicile. Dans le contexte de vieillissement de la population, les nouvelles technologies fournissent des solutions innovantes pour favoriser la stimulation et le soutien des capacités déficitaires (Piau & Rialle, 2012), compenser les incapacités qui apparaissent dans les activités de la vie quotidienne (Pigot, Giroux, & Mokhtari, 2009) et améliorer la qualité de vie et de prise en charge, tout en contribuant au maintien de l’autonomie (Bobillier-Chaumon, Michel, Tarpin Bernard, & Croisile, 2014 ; Carrillo, Dishman, & Plowman, 2009 ; Xanthidis, Youssof, & Koutzampasopoulou, 2016). La compréhension des facteurs déterminant l’utilisation réussie des TIC par les aînés apparaît essentielle afin d’en favoriser l’appropriation et de proposer un accompagnement adapté. Mais, rares sont les études qui se sont intéressées à l’acceptation des TIC par des adultes âgés dépendants vivant en résidence. Les recherches menées dans le champ de l’autisme autour de l’application çATED et à travers une méthode collaborative ont fait leur preuve. Les effets sont notables en termes de développement de compétences sociales et d’aide à la construction des représentations du temps chez l’enfant. Pour le professionnel, ces recherches présentent aussi des intérêts dans l’accompagnement au changement des pratiques professionnelles. Après avoir capitalisé les savoirs sur les recherches chez l’enfant à travers de nombreux articles scientifiques et rapports de recherches écrits antérieurement par l’équipe autour du projet çATED-autisme, l’objectif ici est d’étudier la possible transférabilité des connaissances acquises sur le projet auprès des personnes âgées, mais aussi d’identifier les processus supérieurs communs entre les différentes populations étudiées. Dans ce contexte, avant de préconiser l’utilisation de çATED par les âgés dépendants vivant en résidence, il convient de s’assurer de l’intérêt et de la pertinence de l’application çATED pour des adultes âgés en perte d’autonomie en vérifiant en particulier si elle répond à un besoin des résidents et est utilisable par eux. 11 personnes âgées de 62 à 93 ans, en situation de dépendance liée à des incapacités physiques ou cognitives et vivant en EHPAD, ont été rencontrées, mais les réponses de 9 sujets ont été analysées du fait de données manquantes trop importantes en début d’entretien. Deux entretiens semi-dirigés, pendant lesquels chaque participant répondait à des questions sur l’usage, et l’observation de 2 séances, durant lesquelles étaient recueillies les traces d’usage de l’application, ont été effectués sur 2 semaines. Les résultats mettent en valeur des profils différents d’utilisation des tablettes tactiles et de l’application çATED. L’utilisation de çATED par les âgés est questionnée, ainsi que la formation des aidants.