An assessment of Early Farmers’ pottery, pastes and raw materials transfers in the Ligurian-Provençal region (Impressa, first half of the 6th millennium BCE) - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2022

An assessment of Early Farmers’ pottery, pastes and raw materials transfers in the Ligurian-Provençal region (Impressa, first half of the 6th millennium BCE)

Résumé

Over the last two decades the neolithisation of the Liguro-Provençal arc has been studied mainly through the characterisation and provenance of long-distance materials, which are likely to provide information about the settlement dynamics of the very first Neolithic societies. Like obsidian, the circulation of raw materials and ceramics makes it possible to trace the itineraries of mobile populations and their exchanges between different places at different cultural, spatial and temporal scales. An integrated assessment of the results of provenance studies on pottery, carried out in the framework of a comparative and dynamic exchange of the CIMO Project, currently makes it possible to define a complex socio-cultural framework for the first phases of the Neolithic in the North-Western Mediterranean. In general, due to the contrasting geology of the Ligurian-Provençal arc, pottery pastes can be very diverse and have very specific technological aspects; for example, rock alteration soils are often preferred to alluvial sediments and the use of grog is already characteristic of the very earliest pioneer settlements, unlike in south-eastern Italy. Moreover, some sites are characterised by a higher proportion of non-local pottery. In general, the non-local production is imports over long distances from east to west, but surprisingly also from west to east on a smaller spatial scale. An exception, for example, is the site of Pendimoun, where significant imports of raw materials rather than pots are attested and the intentional mixing in the preparation of pottery pastes is highlight. This framework of mobility on a regional and multidirectional scale results in a complex and dynamic Neolithic process that needs to be refined. At the same time, the presence of multiple imports from the same geological mountain source on several sites in the studied area raises the question of the control of a very extended landscape and a deep knowledge of the resource availability, as early as the pioneer Neolithic stage, and/or the possibilities of connexion between earliest farmers and late hunter-gatherers.
Depuis deux décennies, les processus de néolithisation de l’arc liguro-provençal ont été abordés en particulier à partir de la caractérisation de matériaux circulant sur de grandes distances. C’est ainsi que l’identification des sources d’obsidienne a fourni des informations sur les dynamiques de peuplement au cours du tout premier Néolithique. De la même façon, les circulations de terres et/ ou de vases permettent de retracer non seulement les itinéraires de ces populations et de leurs échanges mais également de discuter des identités culturelles à différentes échelles spatio-temporelles. Un bilan intégré des études sur ces céramiques et de nouvelles recherches mises en œuvre dans le cadre du projet CIMO participent à la description, pour les premières étapes du Néolithique en Méditerranée nord-occidentale, d’un contexte socio-culturel complexe, avec des aspects insoupçonnés jusqu’ici. L’approche comparative – qualitative et quantitative – retenue ici pour les études technologiques et de provenance révèle en effet de nouveaux aspects de ces productions potières et soulève de nouvelles questions sur l’importance des transferts et sur les réseaux sociaux qui leur sont liés. L’étude présentée ici s’appuie sur les données pétrographiques acquises par l’analyse exhaustive de trois assemblages céramiques clés pour les systèmes techniques de cette période que sont : la grotte des Arene Candide (Finale Ligure, Savone), l’abri de Pendimoun (Castellar, Alpes-Maritimes) et le site de plein air de Caucade (Nice, Alpes-Maritimes). Elle met en évidence des aspects techniques de préparation des pâtes et des systèmes de mobilité multidirectionnelles dans différents milieux. Un premier constat d’importance est la forte diversité des matières premières utilisées et des contextes géologiques exploités, diversité qui s’amenuise au fil du temps. Sur les trois assemblages céramiques considérés, nous avons en effet pu identifier seize groupes de pâtes présentant des marqueurs exogènes. Il s’agit, d’une part, de pâtes entièrement composées de matières premières non locales et, d’autre part, de pâtes associant des matériaux tirés de l’environnement proche des sites à de la chamotte fabriquée à partir de pots produits avec des matériaux étrangers aux contextes des sites de découverte. Bien que chaque site révèle un schéma spécifique, avec des groupes de pâtes particuliers ainsi que des variabilités intra-groupe singulières, des similitudes ont été reconnues entre les sites. Au cours de la première étape del’Impressa, les sites de Caucade et Arene Candide présentent une grande diversité de pâtes céramiques et de matières premières non locales, lesquelles orientent vers au moins sept contextes géologiques : le massif des Maures-Tanneron, les affleurements andésitiques côtiers, les affleurements crétacés de la Provence orientale, le massif de l’Argentera-Mercantour, le massif de Savona-Calizzano, le groupe de Voltri et les formations ophiolitiques de basse pression de Ligurie orientale. Le massif de l’Argentera-Mercantour est la seule zone d’origine commune aux deux sites. Dans l’ensemble, les zones sources identifiées dessinent un réseau de circulations et de contacts multidirectionnels sur de moyennes et longues distances. Pendant les étapes suivantes de l’Impressa, les assemblages de Pendimoun et des Arene Candide montrent moins de diversit,é avec des réseaux concentrés sur un nombre plus restreint de zones géologiques concernées. Parmi celles-ci, on observe le maintien de deux sources déjà exploitées pendant la phase précédente, les Massifs de l’Argentera-Mercantour et de Savona-Calizzano. La situation révélée par ces deux sites montre également une augmentation des transferts de l’ouest vers l’est, augmentation qui pourrait illustrer une consolidation des contacts intrarégionaux. L’exploitation du massif de l’Argentera-Mercantour apporte des informations inédites sur l’utilisation, encore sous-estimée, des milieux montagnards au début du Néolithique. La fréquentation de ce massif, seule zone d’affleurement commune aux trois sites-clés de notre étude, témoigne d’une connaissance approfondie de la disponibilité des ressources, et ceci dès le stade pionnier du Néolithique, ce qui soulève la question des connexions entre ces premiers agriculteurs et les derniers chasseurs-cueilleurs susceptible de peupler ces territoires. Outre la pluralité des territoires dessinée par l’identification des zones sources, l’analyse pétro-archéologique révèle une diversité de choix dans le traitement des pâtes, avec l’emploi conjoint de matières premières homogènes et de matières premières hétérogènes, elles-mêmes issues de mélanges naturels ou anthropiques (mélange de terres et ajout de dégraissants). La démonstration d’un mélange anthropique de terres locales et non locales est l’une des rares situations attestant à la fois d’une production locale de céramique et du transfert de matières premières plutôt que de produits finis. L’exemple de Pendimoun est assez éloquent à cet égard. Sur ce site, trois types de pâtes céramiques ont été identifiés : l’un correspond à une terre locale à glauconie, un autre à une terre mylonitique exogène provenant de l’Argentera-Mercantour et une troisième montre l’association de glauconie et de mylonite. Cette dernière, qui ne peut être produite naturellement dans le système géomorphologique environnant, fournit un témoignage unique d’un mélange intentionnel de matériaux d’origines différentes, pour une production à proximité immédiate du site. Si la circulation des produits finis est le plus souvent envisagée à partir de la présence sporadique de récipients exogènes dans les assemblages céramiques, un autre argument peut être considéré : celui de la présence, dans un même contexte chrono-culturel et spatial, de productions locales comparables aux productions importées sur le plan typologique et dans celui des compositions. Cela pourrait être le cas sur les sites de Pertusello et Pollera (Ligurie) qui ont livré des pots fabriqués à partir de terres non locales (à glauconie) et présentant des similitudes stylistiques avec les productions locales de Pendimoun. Le transfert de poteries en tant que produits finis est aussi indirectement attesté par la réutilisation de récipients non locaux pour la production de chamotte utilisée dans les productions locales. Aux Arene Candide, l’utilisation de chamotte dérivée de pots produits avec des matières premières provenant de régions situées plus à l’est, à longue voire très longue distance, comme les terres ophiolitiques de basse pression ou les terres volcaniques potassiques, suggère la circulation de produits finis plutôt que de matières premières. Ainsi, les différentes modalités de préparation des pâtes céramiques sont en mesure de fournir des informations : (i) sur le transfert des matières premières et des produits finis ; (ii) sur les contextes locaux ou non de production ; (iii) sur les pratiques techniques, et potentiellement les traditions techniques, intégrées dans la préparation des pâtes céramiques.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03910233 , version 1 (21-12-2022)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03910233 , version 1

Citer

Marzia Gabriele, Didier Binder, Fabien Convertini, Michel Dubar, Gilles Durrenmath, et al.. An assessment of Early Farmers’ pottery, pastes and raw materials transfers in the Ligurian-Provençal region (Impressa, first half of the 6th millennium BCE). Céramiques imprimées de Méditerranée occidentale (VIe millénaire AEC) : données, approches et enjeux nouveaux / Western Mediterranean Impressed Wares (6th millennium BCE): New data, approaches and challenges. Actes de la séance de la Société préhistorique française de Nice (mars 2019). Textes publiés sous la direction de Didier Binder et Claire Manen, Séances de la Société préhistorique française, 18, Société préhistorique française, pp.177-211, 2022, 978-2-913745-89-X. ⟨hal-03910233⟩
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