En Méditerranée du nord-ouest, les tout premiers groupes néolithiques originaires d'Italie méridionale se sont notamment implantés dans l'arc tosco-liguro-provençal dans le courant de la première moitié du VI e millénaire AEC, dans une région où une mosaïque géologique unique rend particulièrement visibles les transferts de matières premières utilisés pour la production des outillages, taillés ou polis, et des céramiques. Dans le cadre du projet CIMO, de nouvelles études technoéconomiques intégrées des industries lithiques ont été conduites pour les premiers horizons néolithiques (Impressa) de Finale Ligure-Arene Candide (Ligurie, Italie) et de Castellar-Pendimoun (Alpes-Maritimes, France), deux sites-clé qui offrent des séquences stratigraphiques détaillées et complémentaires. Ce chapitre présente les résultats d'analyse des matières premières (silicites et obsidiennes) acquises pour la confection des outillages taillés ainsi, que des éléments concernant leurs modes de production et d'usage. Cette étude conduit à l'identification de très vastes espaces, parcourus par les premiers fermiers et/ou innervés par des réseaux sociaux assurant les transferts. Les géo-ressources aux dépens desquelles les assemblages lithiques ont été constitués illustrent l'intensité des connections entre les Arene Candide et Pendimoun au cours de la première moitié du VI e millénaire et, au-delà, les liens établis entre les différentes aires au sein desquelles les premières implantations agropastorales ont d'ores et déjà été identifiées. En outre, ces résultats révèlent l'existence de contacts avec des régions qui, pour l'heure, n'ont pas livré de témoignages directs d'implantations néolithiques dans le courant de cette étape pionnière. En revanche, au cours de cette même étape, certaines régions d'origine des silicites sont encore occupées ou parcourues par des groupes de chasseurs de la fin du Mésolithique. Ces résultats offrent donc de nouvelles perspectives pour identifier les stratégies de réseautage impulsées par les premiers fermiers, pour discuter de la matérialité de leurs interactions avec les derniers chasseurs et, plus largement, des processus sociaux à l'oeuvre lors de la transition néolithique en Méditerranée du nord-ouest.