« Initier au mensonge d’une mort héroïque, à l’impossibilité du deuil… L’ambition des labyrinthes dans les parcs français, au tournant du XVIIIe siècle », dans Brunon Hervé (dir.)
Résumé
« Ô Roi du Temps, Substance et Chiffre du Siècle ! En Babylonie, tu as voulu me perdre dans un labyrinthe de bronze aux innombrables escaliers, murs et portes. Maintenant, le Tout-Puissant a voulu que je montre le mien, où il n'y a ni escaliers à gravir, ni portes à forcer, ni murs qui empêchent de passer à gravir »: telles sont les dernières paroles que le « roi des Arabes » adresse au « roi de Babylonie », dans Les Deux Rois et les Deux Labyrinthes , célèbre nouvelle de Jorge Luis Borges. Ces quelques mots résonnent comme une sentence de mort, puisque le roi des Arabes abandonne son rival dans le désert. Ils rappellent l'offense infligée par le souverain de Babylonie, qui, quelques jours auparavant, avait enfermé celui par qui il allait mourir dans son « labyrinthe de bronze ». Le roi des Arabes avait erré, « outragé et confondu, jusqu'à la tombée de la nuit ». Tout oppose ces « deux labyrinthes ». Le labyrinthe « aux innombrables escaliers, murs et portes » est le fruit de l'artifice des « architectes et des mages », le labyrinthe de sable est naturel et créé par le « Tout-Puissant » ; l'un est sacrilège, « scandale », « car la confusion et l'émerveillement, opérations réservées à Dieu, ne conviennent point aux hommes » 3 , l'autre comporte une dimension sacrée dans la mesure où il est l'oeuvre de Dieu ; le premier tient à l'enfermement et à la clôture là où le second procède d'une ouverture sur l'infini. Dans son labyrinthe,
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Sciences de l'Homme et Société
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)