Cette étude propose une description du vécu des étudiants francophones (40 nationalités différentes) et de leurs pratiques d'apprentissage pendant une période contrainte de changements, très disparate selon les territoires et les moments de l'enquête, puisque certains sont confinés totalement, d'autres partiellement, d'autres en sortie de confinement, d'autres encore vont probablement tendre vers un confinement. Le questionnaire aborde leur situation de vie (logement, aspects financiers), leur état psychologique (les relations sociales perçues et désirées, soutien social) et des aspects psychopathologiques (nutrition, addictions) et des usages numériques. Leur perception (regret, empêchement, découverte, surprise) de la modalité de formation actuelle (à distance, en présence, hybride), comparativement à la modalité prévue (à distance, en présence, hybride) est au cœur de l'enquête. 4953 étudiants ont répondu sur la période de mai à août 2021, et ont déjà vécu un premier confinement total l'année précédente. Les premières données descriptives présentent des similitudes avec des enquêtées antérieures menées pendant les confinements de 2020, en terme de diversité de profils socio-professionnels de répondants, de stress perçu, de « suspension des études dans le temps » et de volonté déclarée d’un « retour » au présentiel. Les résultats montrent aussi des effets cumulatifs négatifs de la formation non prévue, en termes de projection dans l’avenir à long terme et de la volonté d’arrêter les études. Les groupes se distinguent et s’adaptent différemment par rapport aux aspects relationnels pédagogiques : les modalités pédagogiques synchrones et asynchrones ne sont pas recherchées par les étudiants dont la modalité de formation est imprévue, mais leur quête d'un accompagnement pédagogique accru qui passe par une augmentation des interactions sociales (à travers les messages instantanés par exemple) est plus importante que ceux pour qui la modalité de formation est prévue. Aussi, la préférence accordée au présentiel est plus prioritaire pour les étudiants en situation imprévue, alors que l’équilibre entre présentiel et distanciel est davantage recherché pour ceux en formation prévue. Enfin, un dernier résultat montre des effets du groupe de niveau universitaire (Licence versus Master), les étudiants en licence présentant une détresse psychologique plus importante notamment par rapport à la poursuite des études. La discussion porte un regard plus macrosystémique sur la capacité de la formation universitaire à s’adapter aux situations d'urgence devenues quotidiennes en période de COVID, au risque d'empêcher l'émancipation des acteurs. Nous proposons également une nouvelle modélisation de l’identité professionnelle, conçue en situation imprévue chez les étudiants.