La fouille du site de la Route de Jaunour à Boulazac Isle Manoire (Dordogne), menée dans le cadre d’une opération d’archéologie préventive, livre un nouveau témoin d’occupation de la vallée de l’Isle au Paléolithique moyen récent. Le site, dont l’emprise de fouille s’étend sur près de 1000 m2, est localisé en pied de pente à la base d’un plateau crayeux surplombant l’Isle. La nappe de mobilier s’insère dans une unité graveleuse interprétée comme un pavage résiduel tronquant le sommet d’un horizon argilique. Cette unité porte les stigmates de conditions périglaciaires témoignant d’un épisode froid, probablement à l’origine de la formation du pavage. À un contexte géomorphologique a priori défavorable à la bonne conservation d’une occupation humaine, s’opposent certains indicateurs taphonomiques qui suggèrent une relative faible remobilisation des vestiges archéologiques. D’autre part, les études technologiques ainsi que l’organisation spatiale du mobilier archéologique questionnent sur l’intégrité de la nappe de vestiges. Celle-ci se répartit de manière hétérogène principalement dans la moitié sud de l’emprise et est ponctuée de trois zones plus denses fouillées manuellement. La série archéologique mise au jour est essentiellement composée d’artefacts en silex collectés dans l’environnement local. Ils ont permis la production d’éclats, souvent allongés, grâce à un débitage majoritairement de conception Levallois (méthodes récurrentes unipolaire et centripète). Associée à cela, une petite production laminaire non Levallois a été reconnue. L’outillage, faiblement représenté par quelques racloirs et éclats retouchés, se distingue par la présence de six bifaces. L’ensemble des éléments typo-technologiques tendent à rapprocher la série archéologique à un Moustérien plutôt récent, ce que semblent également indiquer les dates OSL effectuées dans les unités encadrant la nappe de vestiges.