« Drôles de trépas », , Pris Ma, tome XXVII/ 1 et 2, n° 55-56, Janvier-décembre 2012, p. 113-126. - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Prisma.Com Année : 2012

« Drôles de trépas », , Pris Ma, tome XXVII/ 1 et 2, n° 55-56, Janvier-décembre 2012, p. 113-126.

Résumé

Le texte médiéval, prenant la relève de l'Antiquité qui a vu naître les Héphaïstos, Achille et autres Talos, a continué à sa manière de tisser une mythologie des boiteux. Il stigmatise toute démarche s'écartant d'une théorique norme que l'on pourrait définir par l'alternance rythmique régulière du pas impliquant une morphologie harmonieuse des jambes et des pieds, le long d'un axe théorique. Le Moyen Âge étant une « civilisation de procession 1 », l'image de la rocte (du cortège) est parlante dans cette perspective : on pourrait dire que tout ce qui s'écarte d'une ligne imaginaire est susceptible d'être marqué, est susceptible d'être investi d'une senefiance. L'allure du marcheur nous renseigne sur sa nature secrète, mieux, la trahit ; si elle est déviante, elle le marque du signe de l'altérité, qui est volontiers, dans la littérature médiévale, signe de faerie. L'adhérence du marcheur à la terre est problématisée. Détaillons donc les différentes démarches s'écartant de l'allure ordinaire et cherchons à y découvrir une cohérence. Sauter Au commencement est le pas. Ses particularités ne sont en général évoquées que pour parler de l'allure du cheval : A pié s'en vet trestut le pas 2. On peut ainsi avancer plus que le pas (« au petit trot » donc 3). Or, dans un des romans les plus emblématiques de notre Moyen Âge, le Tristan de Béroul, on fait de grands pas, qui deviennent alors volontiers des sauts. Si le registre propre prédomine, une teinture métaphorique peut occasionnellement se glisser dans ces indications et montrer combien cette allure du saut est loin d'être anodine : Si ai tel duel que moi n'en chaut Se tu me fais prendre un mal saut (v. 409-410 4). En substance : « Peu m'importe si tu me faisais faire un mauvais saut, c'est-à-dire le grand saut, c'est-à-dire si tu me faisais mourir ». On saute en effet beaucoup dans le roman. Il y a d'abord cette scène du « saut périlleux » qui permet à Tristan de rejoindre Yseut dans son lit : Tristan saute l'obstacle (la farine répandue sur le sol par Frocin) si bien que ses pieds ne 1

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Citer

Karin Ueltschi. « Drôles de trépas », , Pris Ma, tome XXVII/ 1 et 2, n° 55-56, Janvier-décembre 2012, p. 113-126.. Prisma.Com, 2012, Allures Médiévales II : Essai sur la marche et la démarche, 28 (55-56), p. 113-126. ⟨hal-03739551⟩
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