Réparer la tente, habiter le désert. Enjeux sociotechniques de l’entretien de l’architecture textile ouest-saharienne
Résumé
Si de nombreuses études ont été consacrées à la tente dans les sociétés nomades, sous ses différentes formes, rares sont les travaux portant sur les opérations de réparation de la tente, pourtant cruciales dans la survie de ces habitats. En contexte nomade, l’enveloppe textile de la famille est en effet soumise à des phénomènes d’usure qui obligent ses utilisateurs à repriser très régulièrement le vélum, gage de continuité de la vie sociale. Dans l’Ouest saharien, ces activités collectives intervenaient très régulièrement dans le cycle de vie de la tente et dans le quotidien des campements : elles consistaient en des travaux d’entraide réciproque fortement ritualisés, interdits aux hommes, qui s’appuyaient sur des relations de solidarité entre familles. Après avoir rappelé les principales caractéristiques – « matérielles » et « immatérielles » – de l’architecture nomade ouest-saharienne, le texte souligne la richesse de ces opérations de réparation, tant du point de vue des savoirs et des techniques mobilisés, que dans leurs dimensions sociales, politiques et symboliques, la tente apparaissant comme une matrice de subjectivation donnant une place aux individus dans la société et leur offrant une trame à partir de laquelle aborder le monde environnant. Enfin, le texte aborde les changements provoqués par la sédentarisation et l’urbanisation dans ce dispositif sociotechnique et montre que si la société n’habite plus la tente, celle-ci semble bien continuer d’habiter la société.
Domaines
Anthropologie sociale et ethnologie
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BOULAY 2018, AFET, Réparer la tente, habiter le désert.pdf (918.69 Ko)
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