La liaison entre le Nord et l’Ouest de La Réunion a constitué, dès le début du peuplement de l’île, un problème en raison de l’obstacle de la Montagne et plus encore à partir de 1738 quand le gouverneur La Bourdonnais a transféré la capitale de Saint-Paul à Saint-Denis. Diverses « solutions » ont été mises en oeuvre au cours des XVIIIe et XIXe siècles pour assurer la liaison (chemin des Anglais, liaisons par mer entre La Possession et Saint-Denis, chemin de fer en bord de falaise...). Ayant accédé au statut de département en 1946, La Réunion se devait d’être dotée d’infrastructures modernes. La ligne de chemin de fer de Saint-Benoît à Saint-Pierre mise en service en 1882 était en déclin. Le choix d’une liaison routière s’imposa comme une évidence dans un contexte de développement du transport automobile à partir des années 1950-60. Il restait cependant à déterminer son tracé. Plusieurs options s’offraient aux ingénieurs et aux décideurs politiques : passer par une route en corniche longue et sinueuse (plus d’une centaine de virages) ou tirer au plus court le long du littoral, au besoin en taillant la roche là où le rivage était trop étroit. C’est finalement la deuxième option qui est retenue en 1957 à travers le projet de l’ingénieur général Jean Bourgoin. Une route en pied de falaise évitait d’avoir à creuser des tunnels, mais ne permettait pas de régler les problèmes d’éboulis fréquents, sans compter la nécessité de protéger cette route en front de mer des assauts de l’océan Indien. Ce n’est qu’en 1976 lors de son élargissement en 2x2 voies que l’on commence à prendre au sérieux les problèmes d’écaillage des falaises de 120 à 200 mètres de haut qui surplombent la route. En apparence, les travaux d’aménagement sont parvenus à stabiliser la route du littoral, mais ils n’ont pas réglé un défi majeur : avec plus de 60 000 véhicules par jour au début des années 2000, cette voie rapide est constamment encombrée et ne parvient pas assurer une liaison fiable et sécurisée avec le reste de l’île. La « troisième route du littoral » voit son choix légitimé par un éboulement massif de 25 000 m3 de roches le 24 mars 2006 qui coûte la vie à deux personnes. Il s’agit de ne pas perdre de temps et de régler la question « une bonne fois pour toute ». Le projet est évalué initialement à 1,6 milliard d’euros. La mise en service de la NRL était prévue pour 2018. La construction de cette route va s’avérer beaucoup plus longue et complexe que prévue. Le projet a dépassé aujourd’hui les 3,3 milliards d’euros et n’est toujours pas achevé en 2021. Présentée comme un projet nécessaire pour faire face aux éboulements, la NRL se retrouve aujourd’hui sur la carte des « grands projets inutiles » de France sur le site Reporterre.