S. FOOTE : L'AMOUR EN SAISON SÈCHE (CHRONIQUE DU CRÉPUSCULE) - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2020

S. FOOTE : L'AMOUR EN SAISON SÈCHE (CHRONIQUE DU CRÉPUSCULE)

Résumé

« La malédiction de Christophe Colomb pèse toujours sur nous : chacun doit redécouvrir l'Amérique pour et par lui-même? tout seul ! » I. Hassan le philosophe M. Serres invite son lecteur à « devenir plusieurs, à braver l'extérieur, à bifurquer ailleurs » et lui propose, afin de sortir des sentiers battus, d'expérimenter une forme d'orientation inédite : « Tout le monde dit sans savoir ce qu'il répète, que le compas indiquant le nord, permet de s'orienter. Et si je décidais, aquitain, californien, habitant du Sud-Ouest, de m'occidenter par le Sud ? » Suggestion paradoxale, et donc féconde, que cet hapax legomenon « s'occidenter », symétrique inversé du trivial « s'orienter » ; en effet, si on s'oriente ou vise l'est par rapport au nord, ne peut-on, inversement, se repérer ou prendre la direction de l'ouest par rapport au sud et réciproquement ? Si extravagante soit-elle à première vue, cette injonction, source d'un désarroi lié au bouleversement des repères familiers (semblable à l'épreuve du bewilderment littéralement « où le sauvage me désoriente »expérience fondatrice dans la littérature du Nouveau Monde), acquiert une pertinence insoupçonnée lorsqu'on met le cap vers la fiction qui a vu le jour en Amérique du Nord et, plus précisément, vers la littérature sudiste qui nous intéresse au premier chef. En effet, c'est une navigation qui se déroule non plus dans un univers physique mais dans une psycho-géographie, autrement dit un imaginaire, radicalement différent du nôtre, où les repères traditionnels n'ont plus cours. À preuve, l'extraordinaire description par A. Bird dans Looking Forward (1899) d'une Amérique « bornée au nord par le Pôle, au sud par l'Antarctique, à l'est par le premier chapitre de la Genèse et à l'ouest par le jour du Jugement dernier », rappel que le Nouveau Monde, dépeint par ses premiers occupants comme une « terre qui ruisselle de lait et de miel », s'enracine dans un espace-temps biblique, ce dont témoigne éloquemment sa littérature, qui n'est souvent que variations sur les Saintes Écritures. C'est dire que « l'enracinement américain s'est fait dans un univers archétypal autant que dans un monde géographique, hors de l'histoire et cependant dans une phase particulière de son devenir » (G. Astre). Avant de piquer droit au Sud, vers « la saison sèche » qui y sévit, il faut d'abord faire voile vers l'ouest, mais ce point cardinal n'est plus identique au nôtre car « le soleil à présent se trouve aux Amériques » (John N. Morris), ce qui revient à dire que la lumière qui éclaire le monde se lèverait désormais à l'ouest. Le pasteur puritain Cotton Mather l'affirmait déjà, au début de la colonisation du Continent, pour annoncer l'aube de temps nouveaux et la naissance d'une humanité régénérée et rédimée.

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Dates et versions

hal-03546618 , version 1 (28-01-2022)

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Domaine public

Identifiants

  • HAL Id : hal-03546618 , version 1

Citer

Paul Carmignani. S. FOOTE : L'AMOUR EN SAISON SÈCHE (CHRONIQUE DU CRÉPUSCULE). L AMOUR EN SAISION SECHE, EDITIONS RUE D'ULM, pp.16, 2020, 978-2-7288-0619-5. ⟨hal-03546618⟩

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