Lancé en 2011, le programme Systerpa envisage le Vicdessos en tant que système territorial montagnard en mutation, soumis à des dynamiques socio-spatiales de temps long (déprise agro-pastorale au bénéfice des espaces forestiers) et de temps court (reconversion volontariste de l’économie locale dans les activités récréatives et touristiques pour compenser la disparition rapide de la vocation mono-industrielle qui avait structuré le territoire au XXe siècle, avec glissement d’une économie à dominante productive à une économie à dominante résidentielle). La recherche sur cette « trajectoire » s’est focalisée à partir de 2017 sur la réévaluation de la viabilité du système territorial construit autour du projet qu’incarne la « Station sport-nature du Montcalm » dans le contexte de l’arrivée d’une nouvelle équipe municipale à Auzat en 2014 puis du redécoupage des cadres territoriaux (communauté de communes de la Haute-Ariège, nouvelle carte cantonale). La formalisation et l’évaluation chiffrée du système économique local, et de la part (revenu, emplois) qu’y prennent tourisme et activités récréatives, s’est accompagné du recueil de la vision de différents acteurs locaux quant au bilan, aux fragilités et au devenir du projet initial de reconversion du territoire. Le bilan réalisé montre que le « système touristique territorialisé » (STT) identifié dès 2012, à partir de caractères tels que le niveau des équipements, le portage politique, l’effet d’entrainement des investissements publics sur l’initiative privée, le nombre d’emplois du secteur touristique, l’effet levier sur l’économie locale, et la cohérence de la politique de communication, n’a pas été fondamentalement remis en cause. Dans une échelle stratégique élargie par la mise en place de la vaste Communauté de Communes de Haute-Ariège (janvier 2017), l’absence d’une stratégie alternative, la nécessité de poursuivre la gestion des nombreux équipements déjà en place et les effets d’opportunité liés aux Jeux Olympiques de Paris en 2024 (labellisation « Paris 2024 » du territoire, en tant que centre d’entrainement annexe de celui de Font-Romeu), ont conduit à la relance des projets d’investissement (station de ski de Goulier Neige, camping, piscine…). Les faiblesses structurelles du système persistent néanmoins : rentabilité limite de certains équipements, manque d’hébergement haut de gamme, prestataires privés peu nombreux, taux de remplissage faibles pour les hébergements marchands, visibilité Internet et réseaux sociaux réduite, fréquentation du territoire limitée (autour de 100 000 nuitées/an), à plus de 90% nationale, et concentrée dans le temps (début 2e semaine de juillet à fin 3e semaine d’août). Des évolutions positives peuvent être notées (relance de l’investissement privé, améliorations qualitatives) mais elles restent limitées. Le poids des résidences secondaires (2/3 du parc immobilier), majoritairement aux mains de familles originaires du Vicdessos ou possédant des liens anciens avec lui, demeure pour le territoire une constante structurelle, mais reste aussi largement un « impensé » des programmes stratégiques et des politiques publiques.