Le thème du séminaire Interarts de Paris « Imaginaires et Utopies du XXIe siècle » (2001-2002) a donné lieu à cette publication qu'il nous a semblé opportun de réactiver. Ce thème nous demandait, musicologues du siècle dernier, de nous livrer à toute une série de démarches prospectives et d'ouvrir notre horizon tout autant que de le décadrer vers un futur proche mais imprévisible puisque non encore là. Ce thème nous demandait également d'adopter une logique inhabituelle: celle du plausible (Gardin, 1987) ou plutôt celle d'une « hypothèse plausible » (Ricoeur, 1997: 356). Comment percevoir dans le présent le possible encore ignoré? Le musicologue est-ici-confronté à sa propre démarche. Je dirais même qu'il est face à ce qui le constitue. Des directions éparpillées affluent inévitablement: recherche, invention, trouvaille, prospection, imagination… Comment définir par les mots, cette sensation indéfinissable dans laquelle nous plonge cette proposition. Avec elle ou plutôt grâce à elle, nous sommes donc tenus de créer et de déployer un scénario original. Classer, assumer des typologies et des méthodologies, autant de démarches habituelles pour tout musicologue qui, dans ce cadre, n'apparaissent plus comme essentielles ou tout au moins fondatrices. Il s'agit ici de proposer et d'acquérir officiellement le statut du chercheur-lecteur qui fréquente aussi bien la rigueur et le raisonnement de la logique scientifique que la dérive et le hasard du processus imaginaire. Compromis entre intuition et formation, entre performance et compétence, la recherche en musicologie est aussi un espace utopique que la thématique de ce séminaire nous permet de ne pas négliger, peut-être même de ne pas oublier. C'est ce que nous nous proposons de parcourir ici. Parcours ou plutôt investigation imaginaire. Que sera la musicologie occidentale du XXIe siècle?