Les sociétés humaines influencent profondément l'ensemble des écosystèmes de la planète, par l'exploitation des ressources naturelles et l'occupation de l'espace. L’Afrique est particulièrement bien documentée sur les thématiques se reportant aux pressions anthropiques sur le milieu « Naturel » et aux altérations qu’elles provoquent : déforestation, ruptures des structures paysagères, croissance urbaine, pollutions de l’eau et de l’air, dégradation des sols, etc. Dans cet article, nous souhaitons questionner les rapports des Africains à leur environnement par le prisme de la « Nature enchantée », celle qui est, ou qui pourrait être, source d’un développement durable. En se fondant sur des travaux menés au Cameroun, au Burkina Faso, au Gabon et au Mali, nous montrons que les écosystèmes, quel que soit leur degré de transformation, sont aujourd’hui des sources de développement. Longtemps stigmatisé, considéré comme une marque de sous-développement, vivre avec la Nature devient aujourd’hui une vertu, une marque de réussite, de progrès. N’est-ce pas une chance pour l’Afrique ? Malgré tout, de sérieuses menaces pèsent sur cette Nature. Les plus importantes que nos travaux font ressortir sont l’absence de prise de conscience des richesses offertes par la Nature (services écosystémiques) et les croyances de certains d’une Nature aux ressources infinies, exploitables sans limite. S’ajoute à cela le fait que les élus, les gestionnaires et autres personnes dépositaires d’un pouvoir et de responsabilités en matière d’aménagement du territoire sont encore, pour beaucoup, sous le charme d’une conception de la modernité et du développement qui prônent un éloignement des valeurs de la Nature.