Au cours de leur évolution phylogénétique et ontogénétique, les animaux ont été confrontés à la nécessité de gérer un environnement qui n’est pas composé d’objets stationnaires. Dans leur monde, les événements les plus signifiants se produisent souvent quand les choses (animales ou non, prédateur, proie, congénère ou autre) bougent ou quand eux-mêmes bougent. Face à ce dynamisme, les animaux se montrent capables de poursuivre et d’attraper leur proie, d’échapper aux prédateurs, en cours de vol pour certains d’entre eux. Comment de telles performances, spatio-temporellement précises, sont-elles possibles? Faut-il croire que le fonctionnement du système nerveux mette en place des cadres généraux (comme l’espace et le temps) et des principes pareils à ceux auxquels la mécanique Newtonienne a recours pour décrire le mouvement d’un corps rigide? Dans ce chapitre, nous exposons comment l’étude neurophysiologique des saccades vers une cible visuelle en mouvement nous permet d’apporter quelques réponses significatives à ces questions, et en passant, d’exposer des doutes quant à l’idée que la notion d’espace ou que les lois de la mécanique puissent avoir quelque traduction physiologique. Il est plus sage de considérer que ces notions ne sont que des concepts, des notions utiles seulement pour raisonner sur les choses. Une nouvelle piste de recherche est donc proposée pour identifier les processus neurophysiologiques sous-jacents à ce que nous appelons la présence visuomotrice, cette capacité de produire des comportements qui soient précis ici et maintenant.