Les systèmes de géolocalisation ont pour objectif de transmettre la position géographique d’une personne ou d’une ressource. Les techniques de géolocalisation sont nombreuses et vont du simple géocodage d’une adresse aux systèmes de positionnement par satellite comme le GPS, en passant par les téléphones cellulaires voire le WIFI. La géolocalisation est aujourd’hui généreusement exploitée au sein d’applications centrées sur la mobilité des objets gérés comme la gestion de flottes, la gestion d’itinéraires en temps réel ou plus récemment concernant l’assurance de véhicules. La diminution actuelle des coûts des équipements conduit à généraliser leur utilisation ouvrant ainsi de nombreuses perspectives pour des applications comme la navigation, le transport intelligent, le suivi et l’analyse de trafic, et également la surveillance environnementale, urbaine ou la gestion agricole voire l’analyse de tout objet ou personne dont le positionnement est une donnée importante. Ces applications ont en commun la nécessité de gérer en temps réel ou/et temps différé des informations géolocalisées issues de capteurs ou réseaux de capteurs. Toutefois, la mobilité ou non des capteurs, la gestion de la localisation ou d’informations géolocalisées, en temps réel ou en temps différé sont autant d’éléments conférant des distinctions entre ces applications. Dans le domaine du suivi d’objets mobiles par exemple, les capteurs sont a priori embarqués et mobiles, et la localisation est souvent l’information centrale voire unique des applications. Au contraire, dans le domaine de la surveillance et de contrôle (surveillance de risques naturels, urbain ou industriels), les capteurs sont plus généralement fixes ou agiles (la variation de localisation n’est pas continue dans le temps), les informations acquises peuvent être nombreuses et variées (mesures) et caractérisées par une localisation. Nonobstant ces distinctions, des applications de contrôle dédiées requièrent parfois des informations géolocalisées et temps réel sur des mobiles comme lors de surveillance ou contrôle de différents paramètres d’un véhicule (ex : pression des pneus) ou d’un individu du monde vivant (ex : rythme cardiaque d’une personne ou d’un animal). Les besoins de ces applications soulèvent de nouveaux problèmes et conduisent à revisiter les systèmes d’information pour y intégrer le concept de géolocalisation. Une question importante est la gestion, parfois temps réel, effective, efficiente et sécurisée de ce type d’information et de données au sein d’un système d’information requérant des approches pluri-thématiques et pluridisciplinaires et demandant le concours de différents domaines informatiques : Système d’information, Base de données, Entrepôts de données, Fouille de données, Systèmes d’Information Géographique et Base de Données spatio-temporelles, Intelligence artificielle, Image, Temps réel… L’objet de ce numéro est donc de donner un premier aperçu de la variété des problématiques de recherche sur la géolocalisation au sein de systèmes d’information au travers de quelques articles que nous pensons significatifs allant de la théorie aux applications en passant par la conception. Le premier article présente une approche géographique pour la conception d’un système d’information (SI) mobile et distribué. L'originalité de la proposition est de proposer la prise en compte des différents contextes spatiaux d'exécution d'une application distribuée dès le début de la conception du SI, alors que cette prise en compte est souvent reléguée à la fin de la conception. L'application du suivi de régates offre une illustration intéressante de l’approche présentée. La deuxième contribution propose un modèle de données et un langage d’interrogation pour la gestion de données de capteurs mobiles. Elle concerne diverses applications pouvant analyser l’observation du mobile ou de son environnement. Le modèle proposé repose principalement sur les travaux de Güting et al., quant au langage, il se base sur SQL3. L’implémentation de ce modèle est illustrée par une application en sécurité routière. Dans le cadre des systèmes d’information télégéomatiques, le troisième article propose une solution pour le développement d’applications et services géolocalisés. Cette solution est basée sur un modèle de données orienté objet pour les données mobiles permettant de définir un ensemble de types et d’opérations capables de traiter des objets mobiles ou non-mobiles, l’application support étant le transport de matières dangereuses. Le quatrième article s’intéresse à la modélisation de trajectoires d’objets mobiles dans un espace ouvert en exploitant notamment la fouille de données spatio-temporelles. L’originalité de ce travail repose sur le calcul d’un couloir spatial et d’un couloir temporel. Ces deux notions novatrices permettent de construire une base de connaissances permettant d’évaluer la situation d’un objet en temps réel. La méthodologie est appliquée au l’analyse de trajectoires de navires. Enfin, la cinquième contribution se différencie sensiblement des précédentes en s’attachant à la définition d’une méthodologie originale permettant d’effectuer la localisation quasi-automatique de photographies conventionnelles de façades d’immeubles dans un système d’information géographique vectoriel. La particularité de la méthode est que les bâtiments sont uniquement disponibles sous forme vectorielle (sans texture ni photos) et en deux dimensions. En conclusion, ce numéro spécial offre aux lecteurs un aperçu de problématiques liées à la géolocalisation ainsi que des résultats de travaux de recherches concernant des modèles, méthodes et méthodologies ayant des applications immédiates dans le monde réel. Le panorama, loin d’être couvert, est enrichi chaque jour, plus encore dans les mois et années à venir, par des propositions novatrices et originales en cours de gestation dans les laboratoires.