Système régional, paysage et dynamique de la faune sauvage: la notion d'équilibre est elle pertinente, et la santé d'un éco-système modélisable ?
Résumé
Les pullulations de campagnol terrestre et de campagnol des champs, deux espèces de rongeurs vivant principalement dans les prairies, sont périodiquement d’une actualité préoccupante pour les exploitations agricoles. Les deux espèces sont les proies principales d’un riche cortège de prédateurs qui contribue à la biodiversité régionale et à leur régulation, mais dont les reports de prédation peuvent impacter localement des espèces d’intérêt cynégétique ou patrimonial. Ces systèmes complexes modulent également la transmission d’un certain nombre de zoonoses intéressant la santé publique et vétérinaire. Ils sont étudiés depuis maintenant une trentaine d’année dans la Zone atelier Arc jurassien (http://zaaj.univ-fcomte.fr). Ils conduisent à des jeux d’acteurs subtils par lesquels des points de convergence doivent être trouvés entre des services écosystémiques qui peuvent apparaître contradictoires a priori : protection des cultures et qualité des produits alimentaires, protection des espèces patrimoniales, production cynégétique, santé, voire tourisme.
L’objectif de cet exposé est de montrer quels sont les principaux processus en cause et leur dynamique à long terme, et que de nombreux états durables sont possibles pour une communauté donnée d’espèces, avec des avantages et des désavantages qui sont essentiellement perçus d’un point de vue anthropocentriques. Dans de tels anthroposystèmes, la santé des écosystèmes et leur équilibre (dynamique et provisoire) apparaissent plus définis comme un choix de combinaisons de contraintes économiques et un consensus social, parmi une grande variété d’équilibres dynamiques possibles que les composantes non-humaines de l’écosystème pourraient installer « durablement » à un temps donné. Un défi important de la recherche est certainement d’apporter les concepts scientifiques et les voies de modélisation nécessaires à la gestion de tels systèmes multi-potentiels, dans un contexte où l’évolution physique, écologique et darwinienne, dont celle des sociétés humaines, se combinent pour rendre toute gestion statique ou fixiste inappropriée.