Cette tâche s’appuie sur l’application de méthodes issues du génie industriel à des problématiques urbaines pour caractériser la filière des acteurs concernés, révéler les besoins de ces derniers et mobiliser le(s) regard(s) complémentaire(s) de communautés de pratiques pour enrichir la lecture de l’environnement de l’objet d’étude. Concernant les incertitudes relatives à l’identification des alternatives de gestion, les travaux s’appuient d’abord sur l’identification de la filière des acteurs concernés par l’objet étudié (ex: élus et techniciens locaux, services déconcentrés de l’état, habitants, entreprises, associations, etc.) La mobilisation de l’expertise des acteurs et des panels de communauté de pratiques, notamment les usagers permet de construire une vision étendue de la “filière” des acteurs avec en perspective la destination finale du projet (les usages liés) et la prise en compte de son cycle de vie. Systématiquement, des acteurs clés ont été identifiés puis interviewés en vue d’appliquer le modèle RARe et la méthode Kano pour faire ressortir les besoins et les hiérarchiser. Au delà des besoins, une analyse plus complète de l'environnement des acteurs et du terrain étudié est réalisé sur la base d’un état de l’art et surtout la mobilisation de communauté de pratiques au sein de l’espace EMA (Environnement et Méthodologie d’Accélération) afin d’appréhender le plus largement possible la complexité des terrains. La diversité des besoins est mise en perspective avec les enjeux de la durabilité et les contraintes existantes. L’identification des stratégies est extrapolée de l’analyse des besoins adaptée au cas d’étude sélectionnés et du contexte global du terrain. Les résultats obtenus sont les suivants : •Concernant la problématique des réseaux, la dimension plus technique que stratégique a été bien mise en évidence. L’étude a été menée sur le territoire de la Communauté Urbaine du Grand Nancy. Les alternatives de gestion portent sur l’affectation des moyens globaux (lorsque ceux-ci sont disponibles) et de leur répartition entre inspection, maintenance et réhabilitation. •Concernant la problématique des inondations, l’étude a été menée sur le territoire de la commune de Dieulouard. Les alternatives de gestion retenues identifiées portent sur l’application du PPRI actuel, l’application d’une politique de réduction de la vulnérabilité existante, la réduction de l’aléa par la réalisation d’une digue. Cette approche issue du génie industriel nécessite d’être adaptée au contexte spécifique des problématiques de territoires pour lesquels la complexité, et donc les incertitudes dans le processus de décision, sont plus importantes. Ceci est notamment dû au fait que le territoire concentre des demandes multiples et des attentes parfois contradictoires. La confrontation des besoins permet de souligner les motivations ou objectifs potentiels à prendre en compte dans une stratégie de développement durable. A noter que la répétition et la confrontation du protocole scientifique proposé à la réalité des terrains ont permis d’affiner le mode opératoire quant à l’application de la démarche. Une partie du temps de la recherche et les expérimentation ont permis de constituer une communauté de praticien sur un champs d’application original tout en renforçant la robustesse de la méthode. Une approche complémentaire, non identifié au démarrage du projet consisterait à réinterroger le territoire du Grand Nancy sur la gestion globale de l’eau et du risque inondation à partir des résultats obtenus pour de territoire de Dieulouard. Une logique comparative entre deux territoires d’envergure différente permettrait d’affiner le modèle et d’intégrer plus finement les échelles possible d’intervention (taille du territoire, nombre des acteurs potentiellement concernés, processus de gouvernance impliqués, etc.) Au delà de l’apport pour les communautés de praticien, nos travaux participent d’une meilleure connaissance des acteurs, de leur intervention sur le territoire et de leur interdépendance sur la question de la gestion globale de l’eau. En France ce domaine est déjà largement étudié et décrit. Des rapports et ouvrages techniques sont disponibles pour les techniciens et décideurs. Une littérature et des dispositifs de vulgarisation générique sont également disponibles. Néanmoins, au niveau local, à l’échelle micro, la question de l’eau et des aléas qui lui sont liés peuvent rapidement faire l’objet d’une « ignorance », d’un oubli, comme les événements de la nuit du 21/22 mai 2012 l’ont montrés aux citoyens grand-nancéiens. Caractériser les besoins dans une visée durabilité autour de ces questions et phénomènes peut, non seulement, être un prétexte à un débat pédagogique et démocratique sur la gestion globale de l’eau auprès du, et entre, le plus grand nombre (citoyens, jeunes professionnels, experts aguerris, élus, etc.) et par capillarité heuristique, permettre de questionner et d’investiguer collectivement un certain nombre d’enjeux de société.