L’objectif de cet article est d’observer la mise en présence d’une entité invisible à travers l’analyse d’un petit rituel et de son autel, effectué chez les Kulung Rai, une population dite animiste du Népal oriental. Après une description minutieuse, l’auteur revient sur les différents éléments qui construisent et mettent en scène les esprits auxquels « s’adresse » le rituel. Distinguant ce qui, pour les Kulung, relève de la « représentation » et ce qui relève de la « manifestation » des esprits, l’auteur tente de montrer que plus les esprits sont dits se manifester, c’est-à-dire se rendre présents, moins les Kulung se les représentent, et réciproquement. La manifestation des esprits se réduit à un contact subi dont surgit l’infortune, laquelle entraîne la réalisation d’un rite qui, en représentant l’esprit, c’est-à-dire en l’évoquant de multiples manières, a pour finalité de le replacer à distance. L’auteur conclut sur ce qui lui parait être l’objectif du rituel : donner une forme à l’invisible pour en réduire la présence envahissante.