ENJEUX ET SUIVI DE LA DYNAMIQUE SÉDIMENTAIRE APRÈS ARRASEMENT D’OUVRAGE : LA SÉLUNE
Résumé
Suite à l’application de la DCE en France, et plus largement dans la plupart des pays
occidentaux, nous assistons depuis près d’une décennie à la multiplication des suppressions d’ouvrages
(seuils, barrages) sur les cours d’eau. Si le caractère positif des opérations d’effacement d’ouvrage parait
aujourd’hui faire consensus en termes de restauration des conditions hydro-écologiques dans le chenal,
la restauration de la continuité sédimentaire dans le contexte de bassins versants de faible énergie et
agricoles semble plus problématique (forte remise en suspension des particules fines, restauration des
transferts de polluants...).
Dans ce cadre, un programme scientifique pluridisciplinaire a été mis en place pour connaitre
et évaluer les conséquences hydrologiques, sédimentaires, écologiques et sociales de l’effacement des
barrages hydroélectriques de Vézins et de la Roche qui boit sur la Sélune (Basse Normandie). Dans
cette communication nous présenterons les enjeux de la restauration de la continuité sédi- mentaire,
le suivi mis en place ainsi que les premiers résultats de la phase avant arasement (état initial) de
l’étude. Ces opérations de suppression vont être particulièrement importantes par l’ampleur des
actions de restauration envisagée (arasement de deux ouvrages consécutifs de respectivement 36 et 18
mètres de haut, traitement de 2 millions de mètres cube de sédiments stockés), et la taille des
retenues actuelles (22 km de long). Ce contexte est original compte tenu des caractéristiques du cours
d’eau (énergie relativement faible, bassin versant fortement agricole), mais également par les enjeux
écologiques sous-tendus par ces actions, la Sélune se jetant dans la baie du Mont Saint Michel. Dans
ce contexte, la restauration de la continuité sédimentaire (sédiments fins et grossiers) nécessite un suivi
particulier tant sur des aspects quantitatifs que qualitatifs (transferts de polluants associés, taille des
matériaux grossiers...). Ce suivi a ainsi pour objectif de (i) comprendre la dynamique sédimentaire
actuelle avant arasement afin d’établir un état initial du fonctionnement sédimentaire du chenal mais
également du bassin versant, (ii) évaluer les capacités de restauration de la charge de fond dans un
contexte de faible énergie, (iii) évaluer les conséquences de l’arasement des ouvrages sur la dynamique
des MES dans un contexte fortement agricole et (Vi) contrôler la production sédimentaire propre à
l’action d’arasement (entrées de MES dans la baie).
L’originalité de ce suivi réside à la fois dans l’intégration d’échelles temporelle et spatiale
particulièrement larges. Il s’agit ainsi de s’intéresser aux archives sédimentaires pluri-séculaires
renseignant sur les conditions de dépôts sédimentaires historiques jusqu’aux processus évènementiels
actuels, mais également d’intégrer les différents compartiments du système fluvial tels que
les versants, les affluents et sous bassins-versants (production sédimentaire à l’échelle de la parcelle
agricole). Ce suivi, mené par 4 équipes scientifiques, repose donc sur la complémentarité de nombreux
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outils et approches qui seront présentés (TLS, mesure de MES à haute fréquence, traçage de charge de
fond, levés topographiques, modélisation,...). Les premiers résultats mon- trent que si les ouvrages
influencent aujourd’hui fortement les transferts de MES (à la station située 4 km en aval des barrages
les concentrations des MES sont très faibles hors crue (4 mg/L en moyenne) et atteignent rarement
100 mg/L en crue), l’interruption de la continuité sédimen- taire de la charge grossière ne se traduit
par aucun ajustement franc dans le chenal (pavage ou incision du lit).