En confrontant les diverses évocations des enfants de la plaine de Kam sur lesquels Duras est revenu plusieurs fois dans ses œuvres, on est surpris d'y lire des brouillons des Cahiers de la guerre à l’Éden Cinéma (en passant par Un barrage contre le Pacifique) une dose d'humour noir, proprement rhétorique puisqu'elle sert le vaste dessein anticolonialiste en attirant le lectorat vers l'empathie par écœurement. De manière plus surprenante, certains détails stylistiques qui servent de matériau affligeant aux descriptions des enfants annamites seront employés dès les brouillons et jusqu'à Outside pour décrire Duras elle-même et son frère Paul, par opposition à leur propre mère. Alors la violence de ce motif durassien qu'est la mort fatale et dérisoire des enfants maigres et jaunes a tout à coup partie liée avec le deuil fraternel de 1942.