Si le grand ensemble de Marzahn, construit dans les années 1980 à la périphérie de Berlin-Est, est aujourd’hui concerné par des programmes de rénovation qui ressemblent à celles que l'on connaît dans les grands ensembles français depuis les années 2000, sa situation ne peut se ramener à celle des « banlieues » françaises. Les formes institutionnelles de participation offrent par exemple une alternative à la désaffiliation politique à d'anciens militants communistes qui font l'expérience du déclassement social après la réunification, en leur permettant d'apporter une réponse collective à l'« épreuve personnelle » que représente la rénovation. L'article s'appuie sur les résultats d'une enquête ethnographique menée entre 2005 et 2007, qui m'a permis de reconstituer le parcours d'engagement de l'une des principales protagonistes de la mobilisation suscitée par le projet de rénovation dans le quartier nord de Marzahn en 2003. Pour cette femme, âgée d'une cinquantaine d'années et militante au sein du parti néo-communiste, la mobilisation marque à la fois une rupture avec les engagements politiques passés et l'aboutissement de la politisation des transformations sociales et urbaines dont elle fait l'expérience depuis 1990. L'opérateur de cette bifurcation est un dispositif participatif, qui offre un contexte adéquat de politisation du projet de démolition, bien que ces enjeux en soient d'abord déconnectés.