Les littoraux antillais ont longtemps constitué une discontinuité, des espaces en marge, peu mis en valeur. Aujourd’hui avec la tertiairisation des économies insulaires, ils deviennent de nouveaux territoires de loisirs porteurs de groupes identifiés. Des sociétés littorales aux modes de vie urbains apparaissent aux côtés des populations traditionnelles. On assiste à l’amplification des pratiques nautiques traditionnelles, mais aussi à l’émergence de nouvelles et à une conquête progressive de l’espace marin pour le loisir. Si le degré de la relation à la mer demeure difficile à quantifier, des différences apparaissent néanmoins en fonction de l’origine, de l’âge et du genre de ces nouveaux utilisateurs. L’augmentation du niveau de vie et les différences de développement économique et social des populations insulaires modifient également les pratiques des loisirs nautiques. D’une manière générale, plus le niveau de développement est faible, moins les pratiques de loisir sont élevées. Cependant, même dans les îles qui connaissent un niveau de vie se rapprochant des pays européens ou de l’Amérique du Nord, après quelques heures passées sur une plage, de grandes différences entre les touristes et les résidents apparaissent en effet, dans les pratiques de la plage et de la mer. On s’attendrait à une forte relation à la mer aux Antilles, comme en Polynésie ; tout y concourt : l’air est chaud, comme la mer calme et limpide. Pourtant, la pratique reste faible, comparée aux civilisations littorales de Polynésie et d’Asie du sud-est.Tant que le niveau de développement reste faible, il ne permet pas une pratique régulière et donc la notion de territoire s’applique mal. Quand le loisir devient possible, alors les pratiques nautiques s’ancrent sur un territoire et des groupes se l’approprient. A chaque pratique correspond un territoire et certains les cumulent. Cette juxtaposition territoriale est à la fois spatiale et temporelle.