À partir d’une lecture interne des Principia ethica de George Edward Moore, cet article montre comment ce philosophe conserve la structure conséquentialiste de l’utilitarisme classique tout en rejetant son hédonisme. L’utilitarisme « idéal » de Moore apparaît, en ce sens, comme une doctrine morale cohérente et originale, susceptible de résoudre certaines difficultés de l’utilitarisme classique, tant dans la version maximaliste de Bentham et de Mill que dans la version minimaliste de Sidgwick. Il invite à conserver leurs prescriptions pratiques sans accepter leurs justifications théoriques. Mais par là même, il pose la question de la valeur de toute éthique : réside-t-elle dans sa capacité à guider de manière pertinente notre vie ou à rendre raison du Bien et du Mal ?