Géomorphosites et collection du FRAC Bretagne : comment les Arts Plastiques actuels peuvent-ils participer à la réflexion sur les sites littoraux remarquables ?
Résumé
A geomorphosite is supposed to have a scientific value and an aesthetical interest. This paper deals with contemporary criteria for assessing the aesthetical value of such a site and discusses it using local coastal examples in Brittany, western France. During the XIX and the XX centuries many famous painters (among them Courbet, Monet, Gauguin...) painted coastal landscapes and set a new aesthetical frame for them. This paper asks whether contemporary art might incite geomorphologists to consider other aesthetical frames of landscape beauty. For this we have studied the collection of the Fonds Régional d’Art Contemporain en Bretagne and we have selected works which deal with coastal landscape. They “document” the sites and “present” them as a set of fragments which have to be “reconstructed” by the viewers. These contemporary artistic practices are related to scientific field work (observation, sampling, modelling) and may provide the geomorphologists with new clues for assessing the contemporary aesthetical dimension of coastal sites.
La notion de géomorphosite fait appel à un intérêt scientifique et à une valeur esthétique. Cet article interroge la dimension contemporaine des critères esthétiques par lesquels on distingue les géomorphosites et s’appuie sur l’exemple du littoral en Bretagne. Au cours du XIXe et du XXe s., des peintres (dont Courbet, Manet, Gauguin…) ont rendu célèbres des sites côtiers qui ont fini par devenir les icônes du paysage remarquable et ont forgé une forme d’identité paysagère en Bretagne. Aujourd’hui les œuvres plastiques qui abordent le littoral sont moins « célèbres » et la collection du Fonds Régional d’Art Contemporain en Bretagne n’en comporte que trente. Les normes esthétiques qui les sous-tendent sont radicalement différentes de celles qui caractérisaient les tableaux des époques précédentes. Les pratiques artistiques actuelles n’invoquent pas la notion de « beau » et utilisent des « procédures documentaires » distanciées. Ces nouvelles pratiques plastiques peuvent-elles à leur tour influencer la vision esthétique que les géomorphologues mobilisent quand ils étudient un site littoral ?