L'ouvrage de Levinson tente de montrer comment le langage influe même sur un domaine cognitif aussi fondamental que la pensée spatiale, un domaine qui est considéré dans la plupart de la littérature cognitive comme peut-être le plus probablement universel. Après avoir dressé un tableau de la pensée spatiale en occident, Levinson propose l'idée qu'à l'instar de la variété linguistique, il existe une variété de styles cognitifs dans le domaine spatial. Il en propose une typologie basée sur des travaux antérieurs sur une quarantaine de langues peu étudiées, puis il présente différentes études sur des sujets tels que la navigation spatiale ou les gestes. Dans son dernier chapitre (chapitre 7), l'auteur, se basant sur les conclusions des chapitres précédents, élabore un modèle du système mental de représentation spatiale chez l'homme pouvant conforter l'idée d'un effet ‘Whorfien' (allusion au linguiste Whorf) de la langue sur la pensée. Un livre extrêmement riche, complexe et stimulant, cet ouvrage est à recommander à toutes les personnes intéressées par ces questions, même si l'on n'est pas obligé d'adhérer à ses conclusions.