L'implant EAS (Electric Acoustic Stimulation) est destiné à des malentendants qui ont une surdité partielle. Les fréquences graves sont stimulées acoustiquement par une aide auditive ; tandis que les aigus sont stimulés par un implant cochléaire (IC), qui envoie un signal électrique sur le nerf auditif. Pour la partie IC de l'EAS, le porte-électrode (PE) utilisé est plus court qu'un PE standard mais le nombre d'électrodes sur le PE est inchangé. Les électrodes sont donc plus proches les unes des autres, ce qui augmente les interactions. Pour le codage du son par l'IC, il existe différentes stratégies qui varient par leur vitesse de stimulation et le nombre d'électrodes stimulées à chaque instant. Le but de notre étude est d'évaluer s'il existe une stratégie de codage qui serait mieux adaptée à l'EAS parmi les stratégies CIS, ACE et SPEAK, c'est-à-dire une stratégie qui limite les interactions inter-électrodes sans dégrader l'intelligibilité du patient. Nous avons conçu un vocodeur hybride (acoustique + électrique simulé) qui nous a permis d'évaluer, chez 15 sujets normo-entendants, l'intelligibilité en fonction de la stratégie de codage implémentée, c'est-à-dire en fonction du nombre de maxima extraits, en fonction du chevauchement fréquentiel entre les deux stimulations et en fonction de la cadence de stimulation. Les test sont réalisés dans le silence et dans le bruit cocktail party avec des rapports signal / bruit de -6, 0 ou +6 dB. Les performances sont significativement meilleures sans chevauchement fréquentiel. De même, plus le nombre de maxima augmente, plus l'intelligibilité augmente. Enfin, il n'apparaît pas d'effet significatif de la vitesse de stimulation. Pour limiter les interactions entre les électrodes sans dégrader l'intelligibilité, nos résultats suggèrent d'utiliser une stratégie de codage sans chevauchement fréquentiel, sans extraction de pic et à cadence lente. Une étude complémentaire chez des sujets implantés permettrait de valider cette hypothèse.