La Fonderie offre sur près de deux siècles un résumé de l'histoire industrielle de Mulhouse. Fondée par André Koechlin en 1826 pour équiper en machines textiles une industrie locale en pleine expansion, elle connaît une croissance remarquable et diversifie ses productions pour livrer des turbines, machines à vapeur et locomotives. C'est une entreprise puissante et performante qu'André Koechlin, avant de se retirer, fusionne en 1872 avec l'Usine de Graffenstaden pour former la Société alsacienne de constructions mécaniques (SACM). A l'apogée du début du XXe siècle, succèdent davantage de difficultés liées aux conflits franco-allemands, à la crise des années 1930 ou aux restructurations du groupe. Mais lorsqu'éclate la crise de l'industrie textile au début des années 1950, la reconversion partielle de la Fonderie dans la fabrication de moteurs diesel semble lui donne un nouvel avenir. Néanmoins, elle est peu à peu marginalisée dans une SACM qui s'oriente de plus en plus vers l'électronique et le nucléaire, puis finalement sacrifiée lorsqu'il faut assumer les pertes liées à l'échec de la filière nucléaire française (graphite-gaz) et démanteler la SACM (1965). Derrière des espoirs de redressement, se cachent en réalité des évolutions inquiétantes à partir de 1972 dont les effets se font sentir avec brutalité à partir du second choc pétrolier (1979-1980). L'arrêt de fabrication du matériel textile (1986), la reprise par le Finlandais Wärtsilä (1989-1992), la fermeture de la fonderie (1997), l'arrêt de la fabrication des moteurs diesel (2004) jalonnent une histoire où plans de redressement et vagues de licenciement se sont succédé sans répit. Le déclin inexorable de la Fonderie est représentatif de la désindustrialisation subie par la région mulhousienne dans la seconde moitié du XXe siècle.