Pour comprendre le processus d'acquisition du langage par le jeune enfant, il faut envisager le langage dans sa dimension multimodale : le locuteur d'une langue combine des phonèmes pour former des mots, et des mots pour former des phrases, mais il doit également articuler ses productions verbales avec la prosodie de sa langue, et avec des paramètres posturo-mimo-gestuels. L'enfant entre dans le langage en premier lieu par la musique, la prosodie et la mimo-gestualité, avant d'accéder au langage articulé. Les différents paramètres constitutifs du langage vont se structurer et s'articuler les uns aux autres progressivement, les différents acquis s'intégrant dans des formats de plus en plus complexes. Il arrive cependant que certains enfants n'accèdent pas au langage articulé, comme c'est le cas dans certaines formes d'autisme. Cependant, ils présentent parfois certaines capacités linguistiques au cours de leur première année, semblables au premier abord à ce qu'on pourrait trouver chez un enfant tout venant, au niveau de leur babillage, et de leur prosodie. Tous les auteurs qui se sont penchés sur la question de l'intonation chez l'enfant diagnostiqué autiste relèvent des troubles au niveau de la mélodie et de l'intensité (Courtois-du-Passage et Galloux, 2004, notamment). En revanche, les positions des auteurs divergent quand il s'agit de savoir si la prosodie des enfants autistes est perturbée dès les premières vocalisations. Pour Hicks (1972), le contour intonatif du prélangage des enfants autistes est le même que celui des enfants normaux tandis que Baltaxe (1981) estime que la différence tient au fait que les enfants tout-venant produisent des variations de l'intonation tandis que les enfants autistes produisent des variations d'intensité. Les personnes au contact d'enfants autistes de plus de trois ans relèvent également que la mélodie de leurs productions a tendance à être plate. Dans cette communication, nous présenterons nos analyses de l'intonation d'une enfant autiste entre 8 et 24 mois, afin de déterminer si elle est semblable à celle d'enfants tout-venant ou s'il existe des particularités précoces qui pourraient « prédire » les troubles du développement langagier de cette enfant.