Le fond du lit des cours d’eau constitue une composante importante de la qualité hydromorphologique car il sert de substrat et de support à de nombreuses espèces aquatiques (animales et végétales). Il joue dès lors un rôle majeur pour la préservation de la biodiversité du cours d’eau. Cette action de l’OSR a permis de déterminer l’état interstitiel du fond graveleux du lit des Vieux Rhône, dans les secteurs restaurés et non restaurés, concourant à mieux évaluer la qualité des habitats benthiques et hyporhéiques, ainsi que l’effet des actions de restauration sur l’état de ce fond. Pour répondre à cet objectif, un suivi temporel à haute fréquence a été conduit sur dix stations entre septembre 2021 et janvier 2024. Le choix des stations s’est opéré afin de couvrir des contextes géographiques et des fonctionnements hydro-sédimentaires diversifiés (e.g., secteurs avec réinjection sédimentaire, secteurs de référence avec transport solide effectif et secteurs pavés), tout en se focalisant sur la même forme fluviale : le radier. La technique utilisée consiste à prélever un échantillon du fond du lit à l’aide d’un échantillonneur cylindrique similaire à celui utilisé par McNeil et Ahnell (1964). Ainsi, l’évaluation du comblement interstitiel se base sur la détermination de la composition granulométrique de la zone hyporhéique et plus particulièrement sur la part de sédiments fins (< 2 mm) de l’échantillon. Au terme de dix campagnes de mesures, des tendances propres à chaque site apparaissent, et confirment l’hypothèse selon laquelle la variabilité intra-site est plus faible que la variabilité inter-site. Les sites de référence ont la plus faible proportion de sédiments fins (de 0,9 à 7,2 %) et une distribution granulométrique plus fine. De manière générale, la part de sédiments fins est plus importante pour les sites avec réinjection sédimentaire (de 4 à 20 %) et encore plus élevée pour les sites pavés (de 0,4 à 27 %) que celle observée sur les sites de référence. Il est apparu que les caractéristiques locales des radiers (la part de galets et la vitesse des écoulements) avaient un effet significatif sur le remplissage interstitiel. En retirant cet effet local, il apparait que les secteurs pavés présentent un remplissage interstitiel de sédiments fins significativement plus important que les secteurs avec réinjection sédimentaire. Il est également apparu qu’il existe un gradient amont-aval en matière de comblement interstitiel, celui-ci étant plus important dans le « Rhône amont » que dans le « Rhône médian » et le « Rhône aval ». Au sein de chacun de ces secteurs, des patrons nets se dessinent, les sites avec une réinjection sédimentaire ou les sites dynamiques présentant un comblement interstitiel plus faible que les sites pavés.