Le 20 août 2023, je passe 9h sur l’archipel du Frioul. Je pose le protocole suivant : faire le tour de l’île Ratonneau dans la journée, à pied, en m’efforçant de suivre la côte au plus près. Je m’attache à décrire cette expérience par l’écriture. La description me permet un ancrage dans le moment présent, induisant une attention ténue, posée sur ce(lle·eux) qui habite(nt) l’espace à mes côtés. J’expérimente une nouvelle fois à quel point la description fine est une porte d’entrée vers l’imagination, la divagation. Ce qu’Ersnt Bloch nommerait le rêve diurne1, sorte de rêve éveillé qui, à partir d’un instant vécu, vient créer les différentes versions de ce qui pourrait être aussi, en parallèle ou à la place dudit moment. En imaginant ce que nous aimerions voir surgir, nous entrouvrons déjà une première porte vers l’utopie concrète. Des extraits de cette expérience de marche viennent se tisser avec le récit de vie d’une autre île, L’École d’été. Association co-créée par des artistes, elle souhaite tout à la fois se penser comme une utopie concrète et incarner ce que peut aussi être un travail artistique, en dehors des espaces dédiés à l’art. S’entrelace le récit d’expériences physiques et sensibles d’une île à une réflexion quant au rôle de l’artiste dans la création de nouveaux affleurements utopiques.