Les pleurs de bébé sont un signal essentiel pour susciter des soins, transmettant des informations sur l’identité du bébé et son état physiologique (inconfort, faim ou douleur). L’objectif de ma thèse est d’étudier comment les adultes perçoivent les informations portées par les pleurs, en particulier émis dans un contexte de douleur, et comment être familier avec un bébé donné ou avec les bébés en général module cette perception. J’ai d’abord étudié comment la douleur interagit avec les informations liées à l’identité du bébé. Mes résultats montrent une perte de la signature vocale individuelle présente dans les pleurs d’inconfort, convergeant vers une expression commune de la douleur. J’ai ensuite conduit des expériences psychoacoustiques pour déterminer comment les adultes identifient la douleur dans les pleurs. Cette capacité d’identification vient avec l’expérience dans le soin aux nourrissons, qu’elle soit parentale ou professionnelle, et semble conservée quel que soit l’âge de l’auditeur. Le vibrato et chaos acoustiques caractérisent la douleur dans les pleurs et déterminent la perception de la douleur. Enfin, j’ai étudié les corrélats neuronaux des deux aspects (reconnaissance de l’identité et de la douleur) dans une étude en IRM fonctionnelle, chez des experts parents ou professionnels. Identifier un bébé donné engage des aires cérébrales impliquées dans la reconnaissance des voix, alors qu’identifier le contexte est plus difficile et mobilise des aires cognitives de haut-niveau. Pour résumer, ces travaux montrent que les pleurs de bébé sont un signal complexe, riche en informations. Décoder ces informations s’apprend avec l’expérience et le temps passé à s’occuper d’un bébé.