Podemos or the uncertain reenchantment of the party-form
Podemos ou le réenchantement incertain de la forme-parti
Résumé
The ambition of this doctoral work is to untangle the operational logics, recruitment, and relationships with protest movements of one of the party formations (self-)labeled as a movement-party, Podemos. While the label 'movement-party' has regularly been attached to Podemos, this work highlights the difficulties posed by this fragmented concept, which is both a scientific and political category. From a comprehensive perspective, this work proposes to shift the focus in favor of a long-term ethnographic analysis. The ethnography conducted aims to capture the dynamics of Podemos' practices and recruitment, but also to contextualize them with those of protest movements. The thesis thus discusses the concept of a 'movement-party' and, following the ideal-typical approach, offers a reconstruction of it with the goal of organizing the presentation of the data collected during two ethnographic investigations. The first investigation was conducted from 2017 to 2019 with four Podemos activist groups, while the second was carried out in 2018 with the Comisión 8M, a protest collective that initiated the first feminist strike in Spain. The results suggest that Podemos is an atypical case of movement-party whose dynamics are primarily structured by intra-party struggles. The case study presents a relatively distant relationship with protest movements and draws its practices from various activist traditions. Its recruitment is based on three exemplary categories of activists that involve a significant dispersion of variables related to militant capital and cultural capital. However, the investigations also reveal a continuity between party and movement that leans toward a potential deeper reconfiguration of recruitment and practices: the increasing permeability of partisan and protest sectors to activist practices close to group management techniques, a framework derived from the recruitment of profiles with a high accumulation of cultural capital and structured by the disciplinary universe of social psychology.
L'ambition de ce travail doctoral est de démêler les logiques de fonctionnement, le recrutement et les rapports aux mouvements contestataires de l'une des formations partisanes (auto-)labélisées comme parti-mouvement, Podemos. Alors que l'étiquette de « parti-mouvement » a régulièrement été accolée à Podemos, ce travail met en évidence les difficultés posées par ce concept éclaté, à la fois catégorie scientifique et politique. Dans une perspective compréhensive, ce travail propose de déplacer la focale au profit d'une analyse ethnographique menée au long cours. L'ethnographie réalisée vise à restituer les dynamiques des pratiques et du recrutement de Podemos, mais également à les mettre en perspective avec celles des mouvements contestataires. La thèse discute ainsi le concept de « parti-mouvement » et, suivant la démarche idéal-typique, en propose une reconstruction dans l'objectif d'organiser l'exposition de données issues de deux enquêtes ethnographiques. La première enquête a été menée de 2017 à 2019 auprès de quatre groupements militants de Podemos, la seconde a été conduite en 2018 auprès de la Comisión 8M, collectif contestataire à l'instigation de la première grève féministe en Espagne. Les résultats suggèrent que Podemos est un cas atypique de parti-mouvement dont les dynamiques sont principalement structurées par des luttes intra-partisanes. Le cas étudié présente un rapport relativement distant aux mouvements contestataires et puise ses pratiques dans des traditions militantes diverses. Son recrutement se fonde sur trois catégories exemplaires de militants qui mettent en jeu une forte dispersion des variables du capital militant et du capital culturel. Les enquêtes révèlent toutefois un motif de continuité entre parti et mouvement abondant dans le sens d'une possible reconfiguration plus profonde du recrutement et des pratiques : la perméabilité croissante des secteurs partisans et contestataires à des pratiques militantes proches des techniques de gestion de groupes, une matrice dérivée d'un recrutement de profils à fort capital culturel accumulé et structuré par l'univers disciplinaire de la psychologie sociale.