La diversification de l’offre communicationnelle sur le web aurait permis aux citoyens ordinaires de trouver le moyen de faire émerger des paroles dissonantes. Ces derniers se livrent en ligne à un travail de construction de sens et de légitimation de leurs expériences collectives. C’est au cœur d’une production de l’information diversifiée et portée, essentiellement, par des dispositifs numériques, que les acteurs des mobilisations sociales s’engagent dans des opérations de cadrage (Goffman, Snow, Benford) de leurs luttes citoyennes, et se lancent dans un travail d’identification et de signification par le biais duquel ils interprètent le monde qui les entoure. Les pratiques médiactivistes (Cardon, Granjon) numériques tendent à offrir de nouveaux cadres pour la formation et le développement des actions collectives ayant une fonction « oppositionnelle » (Negt). Elles élargissement dès lors le champ de la lutte et nous incitent à nous interroger sur le rôle que peuvent jouer les dispositifs numériques dans l’amplification ou l’amoindrissement de l’agir collectif. Nous explorons ces enjeux à partir d’une approche critique qui se base sur un travail empirique tantôt en France, tantôt en Algérie. Les répertoires d’actions collectives ne semblent pas être figés dans l’espace et dans le temps mais sont sujets à des évolutions diverses au contact du numérique. Ces mutations n’opèrent pas pour autant des ruptures majeures au sein de l’organisation des mobilisations sociales. Elles ont un impact dialectique sur les sociétés contemporaines entre prolongation des formes de domination et lutte pour l’émancipation.