Au cours des dernières décennies, les villes ont progressivement polarisé les activités humaines. Nœuds essentiels de nos systèmes socioéconomiques, elles concentrent de plus en plus les populations humaines et les activités économiques, mais elles sont aussi l’une des principales causes de la dégradation des écosystèmes et de la biodiversité. La conception des projets urbains organise et transforme l’espace en choisissant et en mettant en œuvre des interventions urbaines. La pratique du projet urbain offre donc une opportunité d’intégrer et de rendre opérationnels des engagements durables et écologiques présentés dans les politiques publiques. Dans ce contexte, l’échelle du quartier est idéale pour aborder ces questions systémiques et plusieurs cadres de conception durable visent cet objectif. Néanmoins, les cadres établis présentent plusieurs lacunes, telles que leurs approches trop prescriptives et non holistiques. Cependant, des approches de conception innovantes émergent pour faire face à ces lacunes. Dans ce travail, nous nous intéressons au «regenerative design» mis en œuvre par le biomimétisme des écosystèmes. Cette approche vise à concevoir des projets urbains à impact positif qui favorisent les bénéfices pour la société et la nature, en contribuant activement à la production de services écosystémiques. Malgré le développement théorique et quelques cas d’application, l’approche n’est toujours pas opérationnelle. Par le biais d’une revue de la littérature, d’études de cas, d’enquêtes et d’entretiens, cette recherche vise à proposer un cadre de conception du projet urbain qui pourrait aider les équipes de conception à s’appropier de ce concepts pour dessiner et évaluer des projets à impact positif qui bénéficient la société et la nature. Le premier chapitre se concentre sur les approches théoriques du «regenerative design» et du biomimétisme des écosystèmes, ainsi que sur leurs applications concrètes. Nous comprenons les fondements contemporains du «regenerative desing», la manière dont les concepts écologiques d’écosystème et de services écosystémiques sont utilisés dans les projets réels, ainsi que leurs limites. Nous soulignons que les théories des services écosystémiques ne sont pas pleinement reconnues dans la conception de projets urbains régénératifs et biomimétiques malgré leur intérêt. Le deuxième chapitre se concentre sur la pratique du design urbain, en s’appuyant sur des études de cas qui, d’une manière ou d’une autre, trouvent leur inspiration dans les écosystèmes et promeuvent des impacts positifs sur les écosystèmes locaux. Nous identifions ici les différentes stratégies et solutions proposées pour promouvoir des impacts positifs. Nous constatons que l’accent est mis sur la gestion des flux d’énergie et de matières. L’attention portée aux structures biophysiques de l’écosystème reste encore en deuxième plan. Nous explorons également les aspects de gouvernance de la conception et de la mise en œuvre du projet, en définissant les facteurs potentiels de réussite liés à la gouvernance, tels que la stabilité des principales parties prenantes dans le temps et une approche de conception participative. Finalement, le troisième chapitre porte sur les tendances en matière de sélection de ces stratégies dans un large échantillon de quartiers durables certifiés, ainsi que sur les obstacles et les besoins pour les mettre en œuvre avec succès. Nous soulignons le rôle important des diagnostics pour éclairer la prise de décision et le manque de stratégies d’économie circulaire dans les projets. Dans ce dernier chapitre, nous identifions également un ensemble d’indicateurs qui peuvent être utilisés pour concevoir et évaluer les projets de quartiers régénératifs, en nous concentrant sur la réalité française. Enfin, dans les discussions, nous délimitons un cadre de conception opérationnel pour la conception de quartiers régénératifs et bio-inspirés, en nous appuyant sur les différents résultats et apprentissages acquis dans cette recherche.