Becoming a Photographer. Class and Gender in Artistic and Technical Training in France (1945-1982)
On ne naît pas photographe, on le devient. Contribution à une histoire sociale et genrée des formations artistiques et techniques en France (1945-1982)
Résumé
At the crossroads of educational sciences, social and gender history, and history of photography, this dissertation examines discourses and practices of photography training, from the nationalization of the Technical school of photography to the creation of the National school of photography in Arles. Drawing from diverse oral and visual sources, archives and prints, using various scales of analysis, this study focuses on the apprenticeship and photography schools, on the jobs and professions in the field, and further on artistic and technical training, at a time when schooling expanded.
The first part of the thesis describes the reasons why political, union trade and transnational actors support training and in-school apprenticeship instead of self-taught practices. Their ideological motivations and institutional dynamics are explored, revealing their strategy in the struggle against amateurs. The second part highlights both the growing audience of photography degrees and the internal elitism in the field. Social and gender issues are at the centre of the in-reconfiguration profession. They effected schools and students through the development of hierarchies, between graduate and self-taught photographers, between different schools and between matters themselves in the schools. The last part shows how young photographers face these educative, professional and gender norms. Their words and pictures are explored to show their ambivalences, resistances and critics against the schooling institution as well as the hierarchies in the photographic field.
Au carrefour des sciences de l’éducation, de l’histoire sociale et genrée, et de l’histoire de la photographie, cette thèse déploie une perspective inédite sur les discours et les pratiques entourant la formation des photographes, de la nationalisation de l’École technique de photographie (Louis Lumière) à la création de l’école d’Arles. S’appuyant sur une variété d’archives et d’imprimés, de sources orales et visuelles, articulant diverses échelles d’analyse, elle offre un panorama de l’apprentissage et des écoles formant à la photographie, ainsi que des métiers du secteur. Elle interroge les enjeux politiques, pédagogiques et genrés des formations artistiques et techniques au moment de la massification du système d’enseignement secondaire et supérieur.
La première partie de la thèse décrit le basculement entre l’hégémonie de l’autodidaxie et la norme de la scolarisation – stratégique face à l’essor de la pratique amateur. À travers l’analyse croisée des discours syndicaux, politiques, et transnationaux, elle interroge leurs motivations idéologiques et leurs ressorts institutionnels. Elle analyse aussi leurs paradoxes, qui favorise l’émergence d’un marché éducatif privé. La deuxième partie retrace, en contrejour, les dynamiques présidant à l’essor des diplômes et formations consacrées. Elle met en évidence l’élargissement sélectif des publics de cet enseignement, et les luttes pour l’élitisme au sein même du métier. Elle étudie également les contradictions entourant cette orientation professionnelle, le caractère exclusif des contenus enseignés, des carrières et des profils encouragés freinant notamment l’accès des femmes à certains secteurs – expliquant par exemple la masculinisation des effectifs diplômés à l’École nationale. La dernière partie dépeint les expériences des jeunes photographes face à ces différentes normes scolaires, professionnelles et genrées. Elle explore les paroles et les images par lesquelles ils et elles expriment résistances, ambivalences et critiques vis-à-vis de l’institution scolaire et des hiérarchies internes au système photographique.