What is the cinematograph? New philosophical approaches to an age-old question
Qu'est-ce que le cinématographe ? Nouvelles approches philosophiques d'une question séculaire
Résumé
On March 9, 1912, in Ciné-Journal, Abel Gance published a manifesto under the title "What is the Cinématographe? A sixth art!" This title is characteristic of the approach of the first philosophers of cinema who sought to describe the essence of the new medium in order to justify its artistic potential against the skepticism that dominated minds at the time. When cinema was able to impose its masterpieces, this type of investigation was abandoned for other research. Nevertheless, after several decades of absence, the beginning of the 1990s saw, in the Anglo-Saxon countries, a return of ontological reflections on the cinema in a philosophical literature of analytical style more and more supplied and unjustly ignored in France. The objective of this thesis is first to present and contribute to contemporary analytical debates on the ontology of cinema. It is also to highlight the importance of Ludwig Wittgenstein for thinking about cinema. Finally, it is to question the relevance of the dominant analytical approach by contrasting it with Stanley Cavell's Wittgensteinian approach. In the first part, the thesis examines the problem of the essence of cinema by presenting and evaluating, with the help of Wittgenstein's arguments, the analytical criticisms of previous conceptions and the positive contributions of the analytical philosophers of cinema, before advocating, in the second part, a change of approach inspired by Stanley Cavell's approach in The Projection of the World and in his philosophical readings of films, an approach that is practiced experimentally in the third part.
Le 9 mars 1912, dans Ciné-Journal, Abel Gance publiait un manifeste sous le titre « Qu'est-ce que le Cinématographe? Un sixième art! » Cet intitulé est caractéristique de la démarche des premiers philosophes du cinéma qui cherchèrent à décrire l'essence du nouveau médium pour justifier son potentiel artistique contre le scepticisme qui dominait à l'époque les esprits. Quand le cinéma sut imposer ses chefs-d'œuvre, ce type d'enquête fut délaissé pour d'autres recherches. Néanmoins, après plusieurs décennies d'absence, le début des années 1990 a vu, dans les pays anglo-saxons, un retour des réflexions ontologiques sur le cinéma dans une littérature philosophique de style analytique de plus en plus fournie et injustement méconnue en France. L'objectif de cette thèse est d'abord de présenter et de contribuer aux débats analytiques contemporains sur l'ontologie du cinéma. Il est aussi de mettre en évidence l'importance de Ludwig Wittgenstein pour penser le cinéma. Il est enfin d'interroger la pertinence de la démarche analytique dominante en lui opposant l'approche wittgensteinienne de Stanley Cavell. Dans la première partie, la thèse examine donc le problème de l'essence du cinéma en présentant et en évaluant à l'aide d'arguments de Wittgenstein les critiques analytiques des conceptions antérieures et les contributions positives des philosophes analytiques du cinéma, avant de prôner, dans une deuxième partie, un changement d'approche qui s'inspire de la démarche de Stanley Cavell dans La Projection du monde et dans ses lectures philosophiques de films, démarche qui est pratiquée de façon expérimentale en troisième partie.